Aphorismes 179

Méfiez vous des commisérations séculaires avec leur vols décrétés, ce sont des militaires qui vont mourir dans une mauvaise météo.

La paresse a de petites pattes poilues qui s'ossifient sous zéro, et de grandes oreilles pour des météorologies funestes.

On commence par une question puis on glisse sur les pelures d'une autre écrite à quatre mains sur un lutrin, Dieu ne s'excuse plus de rien et va aux latrines sans papier, la danse de la mort est froide, les roitelets ne vont plus de branche en branche et le tout recommence quand la table est desservie.

J’ai envie d'avoir de nombreux moyens pour vous ennuyer, et si nous commencions par là ,les jeux de piste finissent toujours dans un temple où la routine consiste à raisonner les esprits bilieux, un dieu triomphal entre alors en scène se pince les lèvres , lève un linge sale vers le ciel et dit que les machines à tambour sont de mauvaises combinaisons de rouages, puis des vieillards bien entretenus vont dans des conciliabules jusqu'à la fermeture des portes.

J’évite de croire que ma lâcheté est compatible avec mon existence, et j’ai peur.

Toutes les figures de la faiblesse ou le même visage, c’est-à-dire le mien.

Mon enfer n’est pas physique, d’où mon imposture.

Je dois à mon univers en flamme de me conduire comme un incendiaire.

Ma vie est le plus bel exemple de bousillage que rien ne pas expliquer ou éclaircir.

Je rêve d’un suicide, autant dire que je n’y crois pas plus  qu’à un pressentiment.

A peine dans l’existence, l’envie d’en finir,comme  s'il n’y avait que moi !

Dans mes insomnies, je trouve une fois sur deux  un sens à la vie, mais un faux.

Les lettres que j’ai écrites, m'ont rendu étranger moi-même, comme si un double de moi me ralentissait dans mes propres émanations.

Je cours comme un dératé pour des admirations qui ont un goût de présomption.

Ce que je retiens souvent, c’est que je descends en moi pour me brûler les organes.

Je suis de nature renonçant, et j’en suis le jouet.

Faute de m’acharner dans l’existence, je suis devenu un mollasson qui écrit sur les effacements.

On ne produit rien qui nous rende permanent, restons donc une conception de toutes les fausses énergies.

Mon attention  je la porte sur le vivre des autres, quant au mien, j’y entre en aveugle pour éviter de le voir.

Je me suis toujours ennuyé, mes journées ne furent que des entrevues avec moi-même, voilà pourquoi je suis resté muet, muet et mollasson.

La première chose que nous devrions faire le matin en nous levant, c’est de raccrocher.

Toutes mes excuses vont en expansion, que chacun me pardonne de n’avoir voulu être que celui qui passe et se tais.

Combien me font peur tous ces  euphémismes qu’on a tant réhabilités.

Au premier poteau donc essentiel et froid; belle idée pour en finir.

Je suis le cours de mon existence comme si elle devait devenir sans moi.

Deux choses que j’aurais bien fait dans ma vie, chuter et aller aux débâcles.

Si j’avais perdu la tête du bon côté, vers qui et vers quoi  me serais-je incliné ?

Il  n’y a pas un seul mot qui n’ait  fréquenté le bordel de nos idées, qui peut  dire  encore  qu’il en est ressorti vierge ?

On a toujours besoin d’un plus péteux que soi !

J’ai des mots de  mémoire, j’aspire à en faire des gouffres.

Nous sommes tous des esclaves de cette réalité  qui en exige.

L’autre, aux dernières nouvelles, il a la même face que moi, pauvre bougre que jamais je ne voudrais rencontrer.

Nous avons tous d’étranges et d’inexplicables douleurs, et nous nous en souvenons parce qu’elles n’ont pas été déployées.

Quel dommage que tous les progrès se fassent dans la trépidation.

Être généreux m’a toujours paru suspect, comment peut on  se débiter soi-même alors que nous voulons  tout garder, tout emporter jusque dans la tombe ?

Nous nous sommes tous encombrés d’une volonté qui nous poussait  à vivre, mais vivre est aussi malaisé que tout ce que nous ordonnons dans le silence.

Inconsolable, voilà ce que je ressens quand je suis à cours de…

Ecrire, est ce  se distinguer où se cacher, les deux selon que l’on veuille poursuivre.le passé ou l’avenir ?

Lire est une arme fastidieuse.

A un certain point de l’existence, on peut se dire que celle-ci n’a été suffisamment vécue que dans les inconséquences, et qu’il faudrait dès lors s’entailler les veines.

Bien que nous ne voulions rien explorer de ce qui est irrespirable, nous allons parmi ces autres qui en savent un peu plus sur le culte du scaphandrier, qui sentent la naphtaline, le docte, le professoral, et nous y attachons tant et tant que nous crevons sans y prendre garde.

S’être une vie durant fait passer pour un honnête homme ne prouve  pas que nous l’ayons été, ou que nous n’avons pas eu d’amertume à son égard.

On termine tous par là où tout a commencé, par le vide nécessaire et primordial.

Chaque siècle a su se prémunir et démunir du siècle précédent, peu importe la manière, ce qu’il en reste, c’est à nous de raisonner sur ces subsistances.

Lorsqu’on tombe à l’intérieur de soi, on tombe forcément à l’intérieur d’un étranger que l’on dérange, et ce dérangement,  il arrive qu’il veuille s’en venger une vue durant, nous voilà mal engagés.

J’aimerais ne rien oublier de ce que je commis d’infect et d’odieux et le refaire doublement.

Submergé par la sordidité de l’existence, je continue pourtant à m’y conduire comme un champion de dos crawlé.

De grâce ne dites pas de moi « Il est talentueux »dites «  Comme il a su se rajouter aux autres d’une identique façon »

L’impatience est irrespirable, voyez ces traînes en tous lieux, et où chaque visage a déjà les reflets de quelqu’un qui va suivre un corbillard.

Je ne crois pas que l’on puisse exercer un métier, à part celui de vivre, un métier c’est toujours du côté où ça fait mal d’être, pas une occupation, c’est une exagération d’un temps compté avec des gestes que l’on ne ferait pas pour soi, et ceci caché au regard des autres.

Augmentez moi, mais faites le en vous dégonflant.