Aphorismes 178

On pourrait dire qu'il est possible de mourir pour une idée, oui mais laquelle, sinon celle du suicide !

Je m'interroge sur toutes les convictions que j'ai accumulées, organiques, substantielles, et insincères, enfin me voilà humain !

Embarrassés par ce que nous n'accomplirons jamais, voilà ce qui me fait rire, voilà ce que j'aime entendre.

Il arrive toujours un moment où nous subissons la seconde, la minute, l'heure et le temps comme d’essentiels poisons, comme une agression, il est des incompréhensions qui n'ont pas d'explication.

Ratage sous forme de d’exploitation, pour le reste je fais du surplace.

Je ne crois en rien qui m’ait amené à faire le vivant, d’où mon côté admiratif.

L'existence toute entière est un exercice de veille.

Je rêve de ne pas me renouveler, j'y arrive tant bien que mal, c'est là que je me sens le plus vivant.

Ce primitif qui habite en moi, qui y stagne, s’il savait combien je lui dois de mes civilités.

Il faut toujours s'empêcher de tomber dans les excès de ces instants où nous prenons goût à la vie, c'est le seul moyen de rester véritablement consciencieux et conscient.

Plus on parvient, moins on peut nommer.

A quel saint m’avouer dans le sens d'une preuve de suscitée ?

À la médiocrité je réponds par le n'importe quoi du magistral élan de vivre.

Que signifie aller loin, sinon être expansif, dispendieux, je préfère m'abstenir dans mes idées plutôt que de les expliquer ?

Qu’ai-je à regretter de mon infortune, sinon qu’elle fut trop modeste à mon goût !

Ma famille je la rencontre partout où la parole retarde, là où elle ne va pas trop loin, là où ne cherche pas avoir le dernier mot.

Une de mes traditions favorites aura été l’horizontalité, position de malade qui attend qu'un grand malaise le frappe et avec distinction.

Tout le monde un jour ou l'autre a été tenté par l’adieu !

Que tous ceux qui ne soient pas de passage viennent me voir, et qu’ils observent mes réactions.

Délibérer sur les caprices du tout, et finir dans les lubies du rien.

Quand je suis dans les effusions de dire, j'ai le sentiment que la parole est une fausse ivresse, quelque façon de procéder à un exercice entre le témoignage et la fanfaronnade.

Quand il est question de moi j'ai le sentiment d'être abandonné ou exaspéré.

Impossible d’être soi-même, on finit toujours par s'y épuiser.

J'arrive à un âge où je crois que pénétrer au cœur des choses, c'est se pénétrer soi-même, autant dire se poignarder.

Jusqu’où peut-on aller dans la propreté de ses insanités ?

L'ennui est rigoureux, il exige non de la déficience mais de l'imagination, sinon comment et pourquoi est ce toujours à cet endroit que Dieu s’explique ?

Le sabotage n'est au fond qu'une douce musique qui de temps en temps a de saisissantes secousses aussi séduisantes qu'une femme dans tous ses états.

Je rêve de ma racheter à mes propres yeux d'avoir été au milieu des hommes en esclave universel sans patrie et sans dogme.

A quoi bon vouloir tuer le temps, le temps est en lui même la tuerie par excellence, mieux la grande faucheuses qui ne passe plus par nos champs.

La musique des sphères, et pourquoi pas celle des prés carrés et des triangles d'or?

On ne peut en vouloir à personne de se laisser dépérir, la dépréciation qu'elle vienne dans la jeunesse ou dans un âge avancé a toujours une longueur d'avance et cette longueur s'appelle l'efficacité.

Il ne m'a pas été donné d'être de l'homme plus secondaire que lui, je retourne donc à mon quaternaire.

J’aime vivre dans l'éloignement qui évoque quelque chose de personnel, chez moi ce qui l’est cet ajustement de  l'éloignement.

Vivre est l'illusion d'une idéale suprématie sur le néant.

On peut aisément se figurer la mort sans la vie, alors pourquoi l'avoir inventée.

Dieu est le seul moyen que j'ai trouvé pour me dégonfler.

Où que j'aille je ne me satisfais pas du lieu où j'ai posé le pas; que d'efforts à faire pour parvenir à ce nulle part qui ne me fait aucun effet.

La vie attendez vous à ce qu'elle soit une valeur ajoutée à celle des autres, et qui n'en auront cure ni besoin.

Je n'ai pas constaté que dieu avait quelque chose d'original à me proposer, j’en suis resté là en attendant que l'on me prouve le contraire.

Mes soliloques je les fais dans la froideur d'un réduit où personne n'entre, autant dire que je suis seul et que mon équilibre n'est qu'une opération de cette solitude.

J’écris en abrégé des mots dont la longueur et la syntaxe sont des monologues de singe au cul poudré et sur qui on expérimente de la chimie quand ce n'est pas de la grammaire

Vivre nécessite qu'on l'agrémente un peu n’importe comment, et c'est ce n’importe comment qui m'emmerde.

Il n'y a rien dans cette province, on ne peut que disposer de rossignols qui ont des têtes d'abbé, et un cou de chèvrefeuille.

Ma jeunesse s'est jetée dans la mer avec un vasistas ouvert, et mon fauteuil bleu, mon paletot beige, je suis devenu une bougie patriarcale.

Le cercle des amis est toujours carré, voilà pourquoi on les appelle des philosophes.

Sous les comptoirs les belles mécaniques aux roulements d'acier mortifère ce recadrent dans le marché de l'avenir en donnant à chacun au passage une grande échelle pour monter au perchoir de l'avenir.

Je rêve de me conduire comme un détraqué qui ne devrait rien justifier, pas même d'où il vient.

Les couillons nous couillonnent, les pigeons nous pigeonnent,les pignons nous pignonnent, quant aux mignons ils ont des figures de vermeil et s'airain et sont dangereux comme le sein maternel.

Grand dieu comme les deux bouts sont larges et loin tant pis pour ceux qui vont dans la traite ou le délayage.

Ma mère travaille un matin sur deux et un après midi sur trois, le reste du temps elle dort comme un explorateur.

Les géométries ont des vues incontrôlables sur les verrières comme le prix du pain ou du beurre.

La naphtaline du sentiment est née en Russie dans une petite culotte de marque bien exploitée.

J’aime les mots "plantigrade et béotien" mais le mercure est une de leur menace et je romps trop de gel, suce trop de glaçons et ça nuit à leurs choquantes manières.

Les navires sont multicolores et ennuyeux avec des astres bleus à leur proue, ils pourfendent le parfum de l'ail qu'une fille pauvre vend sous des ponts les jambes à l'air.

Dépouillons les gardes fous et remettons-les dans la société civile aux mains des gardes qui ont des hallebardes et des contrebasses pour aller à des procès ou à de processions.

Le mariage des moineaux ne vaut pas celui des spatz et se fait rarement sur des literies à bon prix, cessons de croire que dans les salles d'attente les tournesols sont des tropismes.

Étant donné ce qui nous est donné que reste t il quand rien ne nous est donné et que nous devons rendre je ne sais trop quoi inclus dans un ancien achat fait à  prix fort?

Le monde a des tentacules spermicides qui glissent à la surface des grands lacs comme des filles modèles qui mettent deux chiffres sur l'ardoise.