Aphorismes 168

La vie en définitive n'est qu'un fragment de cette matière qui faute de trouver un lieu à sa mesure, s'est insinuée dans l'homme que pour mieux se défendre dans l'affirmation d'une anticipation qui aurait échouée.

Comment commenter la mort, si ce n'est en aphorismes, en prières, et n'en rien considérer d'autre que ce vocabulaire puisé dans les cantines de l'enfer.

Cette fin douloureuse, canonique est une excuse à ne pas vouloir trouver de la vie.

Combien de conversations sont des pagailles de cerveau,et combien leur inanité est de notre lot, sans que nous ayons pu en dire plus sur le cerveau lui même.

Cette grouilleuse légendaire qui illustre tous les biens fondés de l'Histoire, la voici qui me dessert en s'endormant par là où j'aurais voulu lui donner du sens...

Avoir des ailes comme un Icare ,oiseleur de son état, et se rapprocher des grottes où Vulcain étincelle.

Nos mots éprouvent nos morts.

Voyez comme il se gonfle, se gausse, enfle, de toutes parts, investi du dire, qui ne peut se débiner tant il se heurte déjà au palais, le mot merde ,qui sait si bien se foutre en boule et finir par un pugilat dans un caniveau.

Cette écœurante apparence que prend le mot, quand il est dans la plèbe, la fièvre, chargé comme un onagre de paille, qui le rendrait presque essentiel si nous avions à parler de lui et de lui seul.

Je me suis employé à ne considérer l'existence que comme un vaste boudoir, avec une causeuse en son mitan,pour tout discréditer de la vie et de ses alentours.

La modestie ne serait elle pas comme un chagrin à rebours,

qui nous aurait fait fielleux si nous y avions pensé.

Cet appétit de l'écroulement et de l'écoulement, on le retrouve chez tous ceux qui dans l'impasse de devenir veulent franchir des barricades sans y avoir posé un seul pavé .

On est carrément isocèle, parallèle, lorsqu'on est à côté de Dieu, que l'on prie, ou que l'on ne prie pas.

Tous ces possibles nous mettent sur la piste d'une existence dont nous aurions cure sans ceux ci.

Je passe mon temps à voir que de l'obscur en tout lieu et en toute chose que mes toiles ne s'irisent que du noir le plus absolu .

Je désapprouve l'homme jusqu'à ses amnisties, commises toujours trop tard, alors qu'il eût fallu s'immiscer dans un individu plus actuel que tout ce qu'il entreprit en n'y réfléchissant pas.

Ces vertus venues de je ne sais où, cette ataraxie, gardez vous d'en connaître les origines ,il se pourrait qu'un dieu uniforme, ne vous balance tout ceci de très haut, et qu'arrivés jusqu'à vous ne restent que les rognures du verbe être.

Lamentables déités dévolues à faire dans la démonstration, combien je vous compare à ces pousseuses de caddie, illuminées par la perception de ne rien voir d'autre que la bassesse des prix ,et des hommes .

L'ange ne serait-t-il pas la conception muette, d'avant le début de nos médiocrités?

Cette coexistence du sang et de nos humeurs, corrompue sitôt que nous nous mettons dans la parole, me semble une idée juste du définitif.

Les fins, toutes les fins sont. réciproques et homothétiques .

Cette existence qui se construit sur du vulgaire et des voltes faces, si elle savait combien elle rejoint en nous notre sang et nos humeurs, se contenterait, du plus petit des recoins pour s'y épancher à la façon de ces mater dolorosa qu'on aurait payé en monnaie de singe .

Dans toutes nos disgrâces et pour la plupart originelles, un dieu et un charlatan font dans le commerce, de nous couvrir ou de nous découvrir selon les circonstances .

J'écris par défi, par défi de quoi, je l'ignore, mais ça me fait grand bien de défier et le mot et la littérature, tous deux alités bien avant l'heure à laquelle je veux les saisir, et les extirpant de leur sommeil je n'obtiens d'eux aucune considération, c'est alors que je rentre en moi, en leur prêtant du chauvinisme et des pellicules .

Le définitif n'est pas inhérent à la soif d'exister.

Comment disposer de la parole autrement qu'avec les mots et les mains, la colère ou le blâme.

Dans mes toutes premières croyances, je regrette qu'un Judas s'y soit associé ,m'éloignant de l'apostolat ,de la prière, et de ce dieu présent à tous les étages comme à tous les étiages..

Cliniquement disséqué discrédité dans ma chair par tous ces fouisseurs d'intestins, de grêle, de colon, ces videurs d'écume et de rage, que ne suis je resté endormi pour n'avoir pas à veiller sur des moribonds qui le sont autant que moi .

Amitié, globe transparent de nos aveuglements.

Combien j'exècre tous ce veinards qui en oublient jusqu'à leur sang ,leur sang froid, leur squelette et se vautrent sur les canapés ces psychanalystes, enfouisseurs de mensonge et de neurasthénie.

Je crains qu'en toute chose, un dieu informe, donc sans apparence, ni apparât, ne vienne troubler nos consciences que pur nous rigidifier bien avant l'heure.

J'ai le dégoût de toutes ces apparences que l"amour ne peut dégrader tant il s'immisce jusque dans nos plus sombres profondeurs pour y placer l'idée d'un être parvenu jusqu'à nous pour s'y épuiser dans nos infatuations.

Ce que révèle l'existence est de l'ordre d'une formalité, falloir et devoir, le reste je l'emmène jusqu'aux latrines, où dans l'immense dégoût des concrétions ,ne se sont abrégées que ces nuits où toute parole fût vaine ,ostentatoire, c'est là que je vomis sur les charmes éthérés parvenus jusqu'à moi en flots de paroles indicibles et vindicatives.

Aurais je déjà oublier que je suis entré dans l'existence en pestiféré et que j'en sortirai en ne vitupérant que contre moi, et moi seul?

Dans la pitié tout est commun, fade, abrutissant, les mots, les pâles prières, les propos entretenus comme des ponts entre les hommes de bonne volonté, et nous nous y adonnons malgré tout, jusqu'à la limite de nos propres intérêts .

Est irréparable tout ce que je n'ai rapporté qu'à moi, pour le porter, sans passer par la raison, à des périphéries qui ne sont que les issues de secours d'un double secondé et secondaire secoué par ses propres abjections.

Je m'accorde à penser que toute pensée n'est que la ruine anticipée de cette autre qui cherche à évoluer là où il n'y a plus de place ni d'espace .

Tout ce que j'ai cru considéré comme inaliénable ,s'est un jour déplacé en des ubacs, où aucune forme de vie fût elle larvaire, n'avait de place, sinon rien qu'en se transfigurant.

Toute forme de connaissance est illusoire dès lors que nous nous considérons comme appropriés à la connaître.

J'ai toujours cru que l'univers tout entier était dans la manche d'un dieu omnipotent et potentat à des heures, où l'homme s'acoquine avec la bête pour n'en resurgir qu'en adulte adultérin.

Lorsque nous nous engageons de façon indolente dans l'exercice de vivre que peut il advenir de nous si ce n'est qu'affliction et morcellement?

Ne m'étant adressé qu'à moi pendant des décennies, par pans et par bribes, je n'ai accédé au sentiment de l'amour que par accident et sans accessit .

Serai je toujours ce complaisant de nature ,qui n'a de naturel que sa lassitude à faire dans l'expérience des insinuations à domicile, sans sortir de sa ténèbre, de peur de rencontrer des êtres de demie mesure?

L'homme a été fixé dans le temps pour y être un bourreau aspiré par ses entrailles.

Qu'ai je fait de vulgaire qui ne m'ait aussitôt accru dans mes virtualités de singe.

L'essence de la musique serait dans le soupir que mon cœur n'en aurait pas d'autre nostalgie.

Je n'ai pas aimé l'existence, j'ai été tué par de tumultueuses inerties.

Le vague fleurit toujours sur les terrains de l'absolu.

Pour un mystère de profané, combien de divin en fuite, combien de sacré dans le néant.

Etre, c'est patauger dans la grande maladie de la vie.

Si une seule de mes lucidités m'avait amené à penser que l'existence ne pourra nous racheter d'avoir été, j'aurais servi et m'en serais consolé.

La douleur est une forme de jugement, que le sang ne peut revendiquer, que s'il garde le secret de ses prestiges.

C'est du pourquoi (racheté par l'Acte) qu'est née la connaissance, aussitôt mise à sac parmi mes virtualités de sicaire.

La paresse aura épaissi ma douleur, jusqu'à en faire un point central, d'où tout bifurque, d'où tout fout le camp.

Le tout serait indivisible que nous trouverions une solution pour le sous multiplier.

Que chaque esprit ait sa part de dégoût, mais qu'il m'en laisse suffisamment, pour qu'au jour du naufrage, j'ai encore à pleurer sur toutes les lames.

Seul parmi le négatif de toutes les amours vertigineuses, avec pour m'identifier, la plus haute forme du chagrin, la prière, la prière et rien d'autre.

Parfois dans les contours du soir, l'amour a des relents de pouffiasserie.

Nulle part ailleurs qu'en moi je ne trouve rassemblés toutes ces tares qui me font portefaix.

S'engourdir dans un futur où la feinte serait monstrueuse, les divinités muettes et l'orgueil démesuré.

Même l'idée du suicide ne m'aura pas dispensé de toutes les médiocrités inhérentes à l'abcès d'être.

Puis par la suite me vint une misère de l'imaginaire, que je déclinais, idiot assujetti au métier de vivre, en des permissions sans reliefs.

Dangereuse générosité que celle qui est dans la forme indolore du Faire.

Combien je colle à de la dispense et à de la distance.

Toutes mes vitalités m'ont amené au pire, tant elles tenaient d'un surmenage artificiel, d'un clapotis de surin dans un fourreau de fer.

Morne saison, il faut que je m'éveille d'une autre tristesse qui ne soit pas un soliloque avec Dieu.

Le Beau est la forme révoquée d'un pardon, d'une générosité, que nous n'aurions jamais connue si nous avions bien été accompagné. ou mis sur la piste d'un Dieu sans avantages.

Silence:prélude à de la sainteté.

Dieu serait une sensation, que je ne l'aurais pas vertigineuse.

Toujours et partout, dans mes crépuscules, du foutre, de la sanie, du souffre et de la solitude, comme dessous un gibet.

De toutes les formes qu'a prise ma tristesse, je retiens celle où j'étais si désolé qu'il me semblait que je posai mon pas sur le gravier d'un cimetière, quelques degrés sous l'Etre .

Déçu de n'avoir pas saigné plus dignement, de m'être élevé vers de plus nobles désespoirs.

Vivre tourne toujours au vulgaire sitôt que je m'en approche, combien l'expérience de tous ces vains élans m'a poussé dans de l'irréfléchi, dans l'impétueux besoin d'y substituer mon ignorance et mes poisons, par de la prière et du jeûne.

Dans cette chambre où toute idée funeste s'évacue par les tuyauteries nauséeuses du cerveau, rien qui ne pousse à m'accomplir, ou à accomplir, je m'endors dans la lassitude d'un bourreau à domicile, suspendu à ses propres esses, sans qu'il ait eu à lorgner du côté des cadavres .

Manquent à mes efforts des bras pour me soutenir, de la parole pour de l'entretien.

Ma mélancolie reste mon éclairage et mon éclaircissement, et ceci jusqu'au vertige de ne rien faire proprement, qui ne soit pas d'abord passé par les recoins les plus sombres de mes ergastules .

Je n'ai rien commis qui vaut la peine qu'on le retienne, reste au fond de moi cette terreur de l'inaccomplissement, et me viennent en idées vagues tout ce qui submergera ce que j'ai fomenté, tout ce qui a fermenté dans le cerveau d'un étourdi, pris dans du désastre et ses vomissements.

De quelque côté que l'on prenne l'Histoire rien que du tranchant et de la nécessité.

Vivre vire toujours au vulgaire sitôt que je m'en approche, combien l'expérience de ces vains élans m'a poussée dans l'impérieux besoin d'y substituer mes poisons et mon ignorance.

Le mieux reste dans l’épilepsie du bien, tant que le bien incite à des supercheries.

Les morts sont intoxiqués par les vivants.

L’expérience ,c’est du temps grotesque que de prétentieux lettrés tournent en proclamations ou en dogmes.

C’est l’intuition qui fait que je me désiste, la réfection fait que je me retire.

L’homme, ce cafard qui a parcouru le temps pour y fonder des empires, que ce même temps prive de maître aussitôt qu’il en est un.