Aphorismes 148

Rien qui ne m’ait réellement révélé l’être, je cherche toujours à le faire entrer dans mes sphères afin qu’il s’y justifie.

J'ai  la larme facile, c'est ma façon d'être mystique.

Est sérieux tout ce qui nous conduit à y réfléchir jusqu'à l'insomnie.

Chacun a un capital de bonheur qu’il  dilapide dans de vaines horizontalités.

Mes ancêtres allaient toujours à l'essentiel et ne se laissaient pas importuner par les trépidations d'un monde malaisé.

Crevons une fois pour toute, et sans le contenu de quelque teneur qu’il soit .

Mon intranquillité change chaque jour, c'est une métaphysique à intervalles réguliers et sans témoin.

J'ai besoin de croire, mais uniquement dans la plaisanterie.

La volonté demande trop d'énergie, la veulerie tout autant, où me placer, sinon dans cet entre-deux qui est la pulsation l du silence ?

J’admets que l'on puisse admettre n'importe quoi, mais pas de n'importe qui !

Les belles idées sont un camouflet aux poncifs qu'on profère sans même s'en rendre compte.

Plus je crois aller de paire avec les hommes, plus je les considère comme des ratés magistraux.

Regardez-vous bien, et si l'avenir vous est  adressé, débinez vous, vous y crèverez autant qu'aujourd'hui.

Le charme de l'existence est irrespirable, c’est une essence  d'homme et rien d'autre, ni mettez pas le nez, il deviendrait purulent.

Que voulez-vous que je génère d'autre qu’une tristesse sans fond , puisque c'est ce qui me manque le moins.

Ne vous adressez pas à mes intégrités, je n'en ai point, mes intégrités sont d'une constitution qui va d'un mourir est un autre.

Bref, l'infidélité c'est de se souvenir dans l'instant de ceux qu'on a quittés.

Tout est sujet à l’amertume, même les fruits conditionnés, alors imaginez l'homme !

Sur le calendrier, des dates, des prénoms, et puis ces anniversaires qu'on oublie par précaution.

Avoir les mains vides, quelle belle trouvaille pour ne rien donner.

Les mots, il faut les apprivoiser, ce sont des vieillards fourbus à qui il faut donner la main  ou une béquille.

Nulle idée n’est plus profonde que celle qui n'est pas passée par notre cerveau.

Si je fais figure de dilettante, c'est parce que je ne suis pas en recherche de tous ces sens que j'attribue à chaque objet, à chaque humain, et que je ne sais démontrer.

Quelle belle délivrance pour tous ces autres, que serait la vie sans moi.

La merveille de se décourager, de tout relâcher, puis de s'endormir dans l'arrêt prolongé de celui qui ricane dans un recoin après avoir accompli quelque chose de vertueux sans les hommes.

Le vide qu’il soit vertical ou horizontal concourt toujours à nous faire dire qu'il n'est pas trop tard pour s’y pencher.

Tout est inutile, et je m'en irrite au point de le réfuter, mais inconsciemment.

Je n'ai, ni ne veut atteindre aucun but, je suis un attaquant passif qui attend qu'on le démarque.

Respectez la frilosité, c'est un de nos fonds communs, et des plus louables, regardez-vous lorsque vous êtes dans celle-ci, vous justifiez l'existence comme ces singes qui ne parlent pas.

Je rêve de ne plus prononcer qu'un seul mot « Foutre ».

Et si j’évitais tous les superlatifs, resterais  je ce spectateur indécis et ahuri  qui regarde les hommes commencer là où je me suis arrêté ?

La vie est une fausse mesure sur la portée d'un musicien fou qui a transformé l’hymne  en prière et la prière en élégie.

Notre corps lorsqu'on y songe prend la posture de tous ceux qui crèvent en n'en sachant rien, c'est ainsi que l'on se conduit comme des bêtes amenées au pré où à l'abattoir, après qu’on eut tant veillé sur eux.


Après tous ces examens sans nuance, j’ai le sentiment que je suis un mélange de mitrailleuse et de vinasse.


Dès qu’on s’insurge contre soi-même, entre la crispation et l’indolence, on est pris d’un malaise aussi théâtral qu’une conviction.


Qui n’a pas rêvé d’un essentiel progrès où chacun concourrait à clore ses yeux et à s’oublier.


Plus je franchis de degrés dans la raison, plus la douleur de n’être pas resté inconsistant me rend incommode.


Être ébloui par du final !


Tel fait dans la compassion qu’il signe là un de ses forfaits.


Je garde le souvenir de toutes mes irrégularités, c'est-à-dire de mes émergences dans l’homme.


Sceptique au point de tout vouloir régir par de l’irrésolution, me voilà en résidence dans de l’indéfendable.


Rajout à ma vocation de tout louper, un malaise persistant entre les vacillations et la condescendance.


Ce qu’il faut de concessions pour n’être pas un mélange de sicaire et de délateur.


C’est parce que j’ai le sentiment de connaître l’homme depuis longtemps, que depuis longtemps je suis malade de cette connaissance.


Tous les jours trop loin de moi, je m’égare, et suis amené à me comporter comme un ermite dans la foule, et qui avance d’un seul et identique pas.


Vivre, c’est se déshumaniser.


Tant d’heures, tant d’erreurs, tant d’horreurs, tant de misères et d’insanes constats, qui me séparent de l’homme, et dans lesquels je ne suis qu’un sous multiple énoncé comme tel.


Combien dans mes soûlographies, j’ai été dans l’immédiateté de ces hommes, dans l’hiver de leur nature, sans enfance ,et sans espace de jeux.


Toute forme de souffrance est de se rattraper de DIEU.


Si seul un trait devait me figurer, ce serait l’oblique.


Du sur place, de l’espace en plan, et rester dans la posture d’un déséquilibré qui tournoie, qui tournoie.


Combien j’aurais aimé avoir une mission, et user de la réplique comme on se sert d’un revolver, ou d’un verbe unique.


Jusqu’où peut- on développer une idée, sans qu’elle ne se rapporte à quelque idée du monde, et nous échappe aussitôt ?


Je déchire une lettre que j’adressais à une femme, aussitôt retombe ma fièvre, encore une idée de pire, encore une idée qui meurt avec des mots que je ronge.


Bien que je ne sois ni réellement entré en moi, ni réellement sorti je me sens plus à l’abri au dedans, qu’en dehors.


Pour un ministère où l’on gérerait toutes les rancœurs.


Dieu que j’ai opéré dans les déséquilibres, pour rester dans l’imminence d’un coup du sort.


Ai-je jamais su me dévier d’autre chose que de la vie ?