Aphorismes 137


Il est logique de croire que nous comprenons tout de l'homme surtout lorsque nous ne l’avons pas côtoyé.


Exister c'est se précipiter dans le néant de tous les jours, ce néant qui est le paradoxe de tout ce qui nous entoure.


Il y a tant d'idées pour lesquelles on veut mourir, surtout lorsqu'on est en mauvaise santé.


S’oublier, comment s'oublier puisque la vie n'est qu'une sécheresse ou une pépie qui nous rappellent sans cesse à notre corps entier et qui est dans du manque ?


Toute séparation d'avec un être cher est une souffrance qui n'épargne ni les sots, ni ceux qui le sont moins.


J'ai toujours après l'amour peux fracasser aussitôt, parce qu'il a changé ma façon de marcher ou d'être debout.


J'ai bien peur bien que cette vie ne laisse ignorant, et que mon ignorance soit  décelable et me relègue dans l'aplomb d'un menteur ou d'un député.


On est toujours en deuil de quelqu’un, et ce quelqu'un c’est nous.


Ma soif de connaissance ne dépasse pas ma soif d'insignifiance.


Je caresse d'une main et frappe  de l'autre, ainsi un ordre est établi.


Il faut se dépêcher de souffrir et d'y prendre goût, vieillir peut alors apparaître comme un moindre déchirement.


Non les hommes ne mentent pas, ils se trompent.


Les mots sont en sorte une porte ouverte qui exige qu'on ne  la claque pas.


La vieillesse est un métier qu'on a appris sa vie durant, et qu'on oublie dans son grand âge de peur qu'on nous utilise encore peu de sales besognes.


Bien des portes se sont refermées et qui auraient aimé qu'on les franchisse pour y trouver un juste siège.


Vivre est un crime que sa vie durant on a porté afin que notre haine soit un but.


L'amour est une sorte de gouvernement ou les lois ne s'écrivent qu'à une seule main.


Aimer et une fabrique de sentiments qu'on visite chaque jour avec les yeux fermés.


Je ne suis tenté par l'avenir que lorsque j'ai le sentiment qu'il ne me rendra pas plus désespéré.


Toutes les idées sont absolutistes, évitons de trop en avoir, c'est ainsi qu'on devient un tyran.


La mort nous tire d'affaire, un point c'est tout.


L'état de grâce, c'est lorsque nous sommes démunis de tout et qu'il faut que l'on se complète.


La vérité est de l'ordre de cette  justice qui nous oblige à réfléchir sur le monde sans que nous lui appliquions des sentences, des actes et des édits..

Je n'écris pas parce que je pense, je pense parce que je crie.


Toutes les bonnes volontés sont toujours en présence des hommes qui cherchent à les brouiller.


Vivre c'est étudier sa vie durant pour des expériences qui n'ont que de vils effets.


Laissez-moi respirer je n’inhale rien d'autre que du poison.


Le médecin nous fait tirer la langue, et nous allons déjà mieux.


Je n'imagine pas le monde sans un pouls qui battrait comme le nôtre, c'est-à-dire être inactivement.


On étonne de tout, c'est une manière de voltiger.


Cessons de nous vouloir sincère, la sincérité chlingue les tournures de l’esprit de quelqu'un qui s'est acoquiné avec de la matière purulente.


La vengeance est une vidange, on change l’huile, les mains restent enduites de cambouis.


Toutes les solutions sont dans l'abus, la glu, et la fange.


Aimez-vous les uns les autres, mais foutez-moi la paix.


Les propos  sont dangereux dès lors qu'ils sont conditionnés par de l'amabilité.


Si nous écrivions avec un glaive, toutes les lettres seraient de glaires et de sang.


Assignez moi à  résidence, oui, mais à l'intérieur d'un autre que moi.


Sitôt que j'entends le mot fraternité, ça me chatouille du côté du revolver.


Je sus distrait par toutes les impressions que mon cœur met sur du papier, et que j'admets comme un détroussement de moi-même.


C'est assez d'être en vie, et de chercher les avis qui vous contraindront à y croire.Il suffit que je me contienne pour que je déborde.


Pleurons, mais sans que les larmes ne nous arrache quoi que ce soit !


Tous les états larvaires par lesquels nous passons, ne donnent pas naissance à un papillon.


J'aime par-dessus tout l'ivresse, j'oublie alors que j’ai un cœur qui crève de loyauté.


Je m'arrange avec la vie, c'est mon côté courbeur d’échine, pour le reste, je suis un vindicatif sans épithète.


Toutes les bonnes aventures finissent toujours au bord d'un gué ou d’un bief.


Faire la route sans qui ou quoi que ce soit, s'asseoir, et là comprendre  combien l'existence est une investigation.


Dans les conduites les plus basses je m'écoule par là ou les trous sont les plus étroits, et j’ai mal.


Dans la solitude tout se réduit à de la déception, on pourrait s’éventrer, et se faire une idée précise de tout ce qui est sanieux en nous..


Les confessionnaux sont faits de ce bois  que nul n’a encore cogné du poing, de peur de les voir saigner.


Tous les livres sont des armoires, des secrétaires, ou des cachots dans lesquels il ne faut pas fouiller de crainte d'y trouver de l'inadmissible.


Ce que je préfère chez les autres, c'est leur impénétrabilité..

Les étoiles sont  la forme intelligible d'un ciel qu'on regarde avec les yeux d'un enfant qui n'est pas encore rempli de la cacophonie du monde, de ses saloperies de constellations, et de mesures.


Ce n'est pas l'arbre qui cache la forêt, ce sont les feuilles.


On ne se relève pas d'une humiliation, si c'est le cas, nous boîtons.

Etre  n'a pas de mode d'emploi ,être. n'a que des étiquettes.


Lorsqu'on a admis qu'on est admissible, crevons-nous les yeux, l'homme est passé par là.


Sur le manuscrit de nos existences nous écrivons que nous avons été des ours mal léchés, oui, mais par qui ?


Peu sait cacher ses déceptions, ses tourments, c'est ainsi que chacun se fabrique une mouchette pour étouffer jusqu'à la plus petite de ses flammes.


J'ai intégré la vie comme on entre dans le ventre d'une femme, en me dégonflant.


Il y a des insultes qui sont aussi colorées que tout notre univers de représailles.


Les gens nés bien coiffés, se priveront-ils un jour de la tonsure. ? 

Lorsque je suis attristé par cette nécessité que veut la tristesse même, je suis triste pour tout et pour tous.


Le cœur des femmes, il faut le regarder de près, pour y voir la trace, l’axe exact qui nous y oppose.


Mon ministère est dans la forêt, parmi les chênes et les hêtres fiers de leur cécité.


Dans tel ou tel cas, il est conseillé de ne pas se réviser.


Pour le jugement de Salomon ,oui ,mais en présence d'un yogi !


Ceux qui sont mal élevés, ont une vision terrestre et précise du sol où ils reposent, Goliath est mort de trop avoir regardé le ciel.


On entre dans le cœur d'une femme comme on entre dans une église, pour prier.


Devant l'âtre chacun a besoin d'un tisonnier et qui ne soit pas un bout de bois.


Dans les éléments subtils des amours qui se mélangent, il y a toujours l'arôme putride d'une naissance qui annonce un départ.


L'habitude a toujours le goût, l'odeur d’une huitre sur laquelle on n'a pas mis une goutte de citron.


Quand il y a de la coquetterie dans une réponse, il faut s'en méfier, la bouche de Satan n'est pas loin.


Dans l'écume de la mer autant que dans les nuages, je vois toujours le visage de quelqu'un qui fume le calumet de la paix.


Il n'est pas indispensable d'être soi-même pour vivre, il suffit de se ressembler.


Les sentiments m'éclaboussent toujours lorsqu'ils paraissent superbes.


La plupart d'entre nous mordent n'importe quoi, fussent ils sans dentier.


Écrire vient toujours d'une profondeur d'où s'exhale un parfum qui ne sied pas à toutes les narines.


Les sentiments qu'on le veuille ou non, sentent la naphtaline, on les dirait tirés d'un vieux meuble qui est notre sale carcasse d'humain.


Ce que j'aime partager, c'est tout ce que je n'ai pas admis.