Aphorismes 129 Bis

Aucune de mes identités ne m'a conduit en dehors de l'incertitude de devenir,je cherche encore dans cette lucidité ce qui me dégoûterait,en dehors de la musique et des mots,à me commettre en agitations de singe adéquat,qui ne prendra pas la parole de peur d'entrer dans le grand foutoir et dortoir des hommes qui ne se taisent pas.

L'indécence des hommes m'est toujours apparue comme un semblant de couverture et de planque,une réserve d'où ils ne sortent que pour montrer la matière même de leurs douleurs,qui est une dissonnance,le suprême désenchantement,de tous ceux qui sont en le sachant .

Mon accord d'avec les hommes je le découvre lors des enterrements.

Face à tout ce qui m'est intolérable,je me vois dans la peau d'un débourreur suintant de lumière,chien auréolé,couvert de tristesse et de honte,et qui s'endort dans ses déficiences comme autant de ses tares.

Dix milliards de mes années de paradoxes ne valent pas une seule de vos journées de tentations.

Dans mes moments de sérénité,je regarde les hommes de face,je comprends alors pourquoi ils sont restés aveugles.

D'où me viennent ces attentions,celles que je porte à l'homme,sinon de celle plus spontanée que j'ai à mon égard et qui m'arrive d'une schizophrénie imprononçable,sinon de Dieu qui émerge en chacun de mes gestes,mais me pousse de dégringolades en glissements.

Un raté de la solitude,mais un raté malgré tout,et qui se clot sur lui même,qui s'enferme dans ses abjectes profondeurs,de peur d'avoir à vivre,à respirer en surface,ces réflexes dont il ne peut expier.

Lorsque tout devient sourd et muet,quelle attention plus indue la mienne vaut par son insupportabilité.

Quand on s'est sa vie durant égaré dans le n'importe quoi des devenirs,toute douleur,toute inconsolation ne sont que les revers d'une manoeuvre de bifurcartion.

Ma vie n'aura été qu'un témoignage entre de l'abattement,l'ivresse de cet abattement,la fatigue,celle de la nommer,davantage encore celle de la taire.

En quoi le dilettantisme diffère t il de la nonchalance,si ce n'est de par cette intimité qui fixe des soupirs sur tous les accrochages et de la pause dans tous les inconforts.

Tant de prétextes à entrer dans la maladie d'être,quand les mots semblent des anges déchus de leur définition,et que de leurs plumes débarrassées naissent de la métaphore et de l'allégorie.

Né pressé,dans une urgence à dire,que d'entrain pourtant qui ne fait que m'envenimer,et ma planquer parmi les strates et stratagèmes.

Dépassé par tout ce qui de l'homme prête à la perfection,j'ai mesuré combien je suis né vide,et combien tous les soporifiques dont j'ai usés n'étaient que les ersatz d'un silence propre à mon dégoût de l'humain.

J'oscille dans le clair obscur de ces illusions,comme le long des berges boueuses,où de sottes divinités m'inclinent à la prière.

X.L'éloquence et l'élégance morveuses d'un menteur assermenté.

Vivre est il de l'ordre de l'effort,et si oui,a t on à le porter sur les estrades et les podiums?

Déréglé,dérangé,mais pas encore perdu,je tire vers le bas toutes mes intentions,et prête des vitalités à mon ceinturon.

Tout, un jour ou l'autre se réduit à la mort,et bien que nous le sachions,combien de nos souffrances nous ne taisons pas,pour les porter sur le canapé des psychanalystes,en nous ouvrant de façon écoeurante et ostentatoire.

Parce que j'ai eu trop tôt des sensations de rejet que j'ai projetées jusque dans mon sang et mes os,j'ai l'air d'un type accablé de vertiges et d'indiscernement .

Les douleurs trop tardives arrivées dans l'âge d'homme ressemblent à des gesticulations de singe derrière les barbelés d'un cirque itinérant.

La croyance c'est l'escroquerie du sang, c'est le vertige que procure l'encensoir.

Vieux dès mon plus jeune âge parce que je n'ai pas voulu de verticalité,ma révolte tient d'une ristourne,d'une étourderie,j'enjoins ma mémoire de s'adonner à des images de nomadisme,d'errement,je vais dormir loin du monde d'un sommeil plus profond que cet enfer à mon goût .

La nostalgie et le souvenir ont cela en parité,qu'ils arrivent toujours par là où il y a le plus de place à recouvrir.

Certains mettent tant l'accent sur leurs fatuités,que devant moi n'apparaissent plus que des transfigurations.

Dans la musique rien qui ne se fourvoye,si ce n'est Dieu, qui passe par les motets et les homélies pour finir dans les culs de basse fosse de nos cerveaux.

Prédisposé à la lèpre des mots inconsentis,l'Homme surgit du rebut pour s'insinuer dans d'écoeurantes religiosités.

Toutes mes nuits son des archipels de détresse,où mes sens se cloquent,pour se déverser en mélancolie et nostalgie,soeurs jumelles d'un désespoir plus abrupt encore .

Je n'ai rien voulu dans lequel j'aurais pu m'évanouir,si ce n'est dans le Temps ou Dieu, tous deux plus indisciplinés que s'ils avaient eu à compter sur l'Homme .

La douleur est de l'ordre d'un orgue collé à notre oreille,en prise directe avec Dieu.

Dans l'amour toutes les glandes sont rompues,qui nous laissent aussitôt à voir la vacuité de tous nos organes.

Qu'est la profondeur de l'Amour, si ce n'est du temps,du temps,qui ne survivra pas au lavabo.

Dans la liturgie de l'Amour qui prend la forme d'une fornication,l'impérialisme des glandes trace en moi des voies trop accessibles, que je ne peux pas obstruer par de faux sentiments.

Toutes mes anémies sont de la couleur de ce temps grisâtre,jaunâtre,violacé par l'ennui,que je ne sais plus de quel côté me tourner pour le contourner.

La mélancolie et la nostalgie nous montrent jusqu'où Dieu peut aller,de la table d'hôtes jusqu'aux latrines

Ma nervosité est une atteinte au temps,plus je m'en accommode moins je me sens responsable de tous ses débordements.

Dans mes inconforts,entre la prière et le jeûne,tout est banal,et de ces banalités me viennent tous mes inconforts.

Je me refuse à regarder le monde comme incapable de se mesurer à ses propres médiocrités.

Ma paresse est de l'ordre d'une primauté,c'est une ombre fixée du côté de l'approximation des hommes,et qui leur monte à la tête comme une limite à leurs consolations de paraître.

La nature n'est pas généreuse,elle en souffrirait autant que les hommes,c'est pour cela qu'elle s'en est tenue à l'écart,pour pouvoir garder celui de se tromper,et de ne pas en être remerciée.