Aphorismes 123

Où chercher Dieu si ce n’est dans la prière, le jeûne ou un désert, ailleurs même, peut-être dans la science avec ses entraves et ses enclaves ?


L’équilibre, c’est un dessous soi déplacé.


La parole rejoint toujours la désagrégation, chacune à sa manière triomphe des détraquements liés au statu-quo.


J’écris pour conclure, un point c’est tout !


Si je devais être satisfait par quoi que ce soit, je n’aurais plus d’humeurs ;et de toutes les sécrétions qui émanent de moi, c’est vers elles que va mon intérêt.


Ce sont les mots et eux seuls qui sont à l’origine de tous nos maux, mieux eût valu rester ces singes éprouvés par leurs seules mimiques.


Entre rêve et chimère, un avenir obligé où pue la désertion.


Tous les évènements sont coupables de nous signaler le temps.


La musique plus je m’en approche, plus elle me semble être une forme viciée de Dieu.


Dans ces nuits où je réfléchis à ce qui me paraît être des convictions, je sais qu’elles m’ont mené jusqu’à la déception, sans qu’elles me protègent de mes partialités et de mes désertions.  

Mes préférences vont à la clandestinité et aux pèlerins, c'est-à-dire à ceux qui se cachent ou avancent, mais qui se cachent de quoi, et qui avancent vers où ?


La vie est vacuité, mais vacuité suprême, et c’est cette suprématie qui génère tous les poisons.


Est neutre tout ce qui ne génère que de muettes apparences.


L’illusion est une forme d’hymne du vide érigé en supercherie de voir.


L’assurance d’une disqualification m’amène à célébrer ma misère comme si je pouvais la répéter à l’infini sans qu’elle me rende admirable.


Comment tout ce qui nous fut impropre a pu nous guider vers l’intuition et l’invention ?


M’étant préparé à me comprendre, je fus étonné de n’y rien voir de personnel et j’en suis resté là.


La seule cause qui aura ma considération est celle qui ne réveillera personne.


Obscurci, amer presque malgré moi, comment aborder qui que ce soit sans y voir un moribond ou un ange détestable?

J’entre en déception pour la plus petite des anomalies qui n’indisposerait personne, mais me rend aussi malade que si j’avais regardé l’homme des heures durant.


Je récuse ces guérisons que la ténèbre n’a pas chapé.


Mes froides tyrannies ont été les seuls mouvements contrôlés auxquels j’ai donné du sens.


C’est dans un âge gâché et plein de gâchis que je me conclurai.


Rien de beau qui ne me fut permis ou autorisé, je suis donc passé par l’insulte ou le silence avec l’illusion de croire qu’on pourrait me consulter pour mon souverain désarroi.


Idéal :hydre acéphale.


Il y a tant de lourdeur chez l’homme qui avance que j’ai opté pour la pause et la pose, toutes deux me comblant par leur décevante invariabilité.


Tous les airs sont désolants.


Appliqué à ne rien créer qui vaille la peine qu’on le regarde ou le cite, ma vie se sera située entre le canapé et le strapontin.

Comment Dieu peut-il rester indemne avec tout ce que je lui fais subir ?


Ma conduite ne doit rien à mes virtualités, mais bien à cette faillite anticipée que mon corps traduit par du retrait.


Ma patrie est dans l’ébriété et le trouble, que ne suis-je celui qui a perdu la tête et s’accomplit dans la grâce des heurts et des hésitations ?


Mon langage est une contrefaçon essentielle, j’ai beau chercher une passe, une marque inimitables, je reste toujours en suspens dans la supercherie du dire et de son inanité.


L’âme est-elle un contenant ou un contenu ?La stupeur parfois ma saisit lorsque j’essaie d’y répondre et de légitimer.


Je voudrais que tout se dissolve autant à l’intérieur qu’à l’extérieur de moi, et m’abandonner à des inerties où je pourrais côtoyer un Dieu et ou un Diable.


L’effort que je fais pour parler je le ressens comme un travail inapproprié et j’en vomis.


Je vous ai prévenu, je m’emmerde, et mes emmerdements sont aussi justifiés que les vôtres.


Coupé du monde et phénoménalement.

Ayant veillé sur l’objet de mes convictions, j’ai longtemps cru que toute forme de sommeil procédait d’une perte ou d’un désistement.


Je suis inutile et pourtant vertical, et lorsque je retombe, je retombe avec mollesse.


Tout ce que j’ai subi, je l’ai subi avec violence, autant dire que se poursuit la torture et que je ne m’en défends pas.Performant par et dans l’excessif.


Du dédain pour tous, monstre vertébré et invertébré qui s’est obstiné au rejet, que puis-je attendre de l’homme qui ne me dégoûterait de moi ?


Que je me sois gâché avec de l’humain, n’explique pas que je me sois gâché avec moi.


L’ennui nous fournit autant de fadaises que l’éternité, l’ennui, c’est l’état larvaire du temps où on ne compte plus.

Promontoire de mes idées, de mes idéologies, la chaise reste pour moi une forme d’indisposition qui m’envoie sur les trottoirs.

Une douleur aboutie nous rend aussi fécond, aussi orgueilleux que si nous avions gravi un Ararat.

Effroyable siècle, on peut y crever en spécialiste ou en larve, nous y serons toujours considérés comme des défecteurs de métier, qui se sont pointés entre le zéro et la marge.

Superficiels, nous nous serions peut être désespérés de ne rien comprendre, pas même notre propre simulacre de vivre.

L’amour glorieux bave sur les effectifs de ses victoires à domicile.

Je débouche sur l’insomnie toutes les fois où j’ai acquis un avantage, sur quoi, sur qui, c’est bien là le sujet de ces veilles ?

Vivre est une étourderie qui n’exclue pas la lâcheté de s’y cramponner, comme le dernier arrivé ,et qui pose son assise sur un strapontin.

Amour :tempête, sauvagerie des muqueuses..