Aphorismes 121

On habite sa propre ténèbre,et on y est autant éclaireur qu'en perdition.


L'homme est insoutenable,autant dans sa légèreté que dans sa gravité. 


Chaque siècle a des absences autorisées,que cent ans plus tard nous appelons égarements.


Tant tout est hors de moi,et autour de moi,que dans cette suspension je ne rencontre que des charlatans,qui altèrent mes idéals,et qui se mettraient à y penser dans un pire,s'ils ne m'y voyaient.


Mon temps est un temps de perdition,vidé de toutes les substances qui prêtent au visible,c'est à dire vain et confidentiel.


Me racheter,oui mais de quoi,le prix que je paye à la vie,suffit déjà à y réussir.


Perdre le sommeil,ne plus être que dans une ténèbre,la sienne,voilà une belle idée de cauchemar.


Tout ce que j'ai relégué au second plan,s'est peu à peu rapproché de mon idéal,voilà pourquoi je fais cas de tous les transfuges.


Nos tristesses engendrent des scléroses qui nous rendent contagieux d'un sommeil qui n'est pas à notre mesure.


Une de mes paniques serait d'aller à reculons,sans y adjoindre la pensée d'une défaite.


Dans cette mélancolie qui gagne en avenir,j'ai parfois des élans de philanthropie,que je démesure jusqu'à d'insanes regrets.


Passer un chiffon sur l'Histoire,et dépoussiérer jusqu'aux gibets.


L'art nous prédispose à des dégoùts réussis.


Je réponds à la poésie par des épidémies d'injures,qui la convainque de troquer le mot pour du vandalisme.


Je fais dans le dilettantisme,le jeûne et la prière,avec la préciosité de quelqu'un qui peut s'évanouir autant dans une église que dans une sacristie,voirse un bistro.


Rien que je ne me sois permis de cynique et qui ne m'ait conduit dans de la compassion.


Tout est vicié dès lors qu'il s'évapore dans des proportions que nous ne supportons que lorsque nous sommes ivres. 


Aimer, c’est donner suite à ce virus d’exister.


Les mémoires déficientes sont les plus convenables.


N’avoir le recours à la parole qu’après les méditations ,ou les accès de folie, le reste n’est qu’une usurpation, un nouvel échec.


Mission :fait imbécile pour se donner une raison d’être.


J’use pourtant de cette indécence là, qui rend molles les convenances

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Survivre à la manie, au tic d’exister.


Exemple :la première des absurdités dont nous ayons besoin.


Rogner le .TU .de tous les côtés, à toutes ses surfaces ,pour se sentir mieux malaisé dans le .JE.


Qu’y a-t-il d’effrayant dans le mensonge, outre qu’il fortifie toutes nos excuses d’exister, il est solidaire de tous les actes que l’on commet pour soi seul, à qui l’on donne le nom de survie.


Se désagréger dans la sagesse, et augmenter les vides ,tous les vides ,avec ce bonheur gras et lourd d’exister en dehors des mots et des images.


Ma place est à l’abri des souvenirs, rangé d’eux, plus de supercherie, le passé ne se présente plus à moi que sous la forme d’insomnies.


Ce sont les esprits tordus qui sont les plus aptes à donner la définition du nœud.


L’admiration est un des premiers degré de l’imbécillité , après on gravit les marches de la sujétion et des esclavages..


Espoir :suivez un cortège, un enterrement, voilà la réalité et la monstruosité de vivre qui nous poussent à espérer.


L’excès est le premier degré de l’être.


On ne peut s’élever jusqu’à nos anciennes saintetés sans considérer que dieu, est un méthodiste distrait, qui est aux antipodes d’un auréoleur.


Voilà des mois que je me soupçonne de vouloir périr honorablement.


Destin :nid tiède de la prétention de durer.


Un dilettante qui n’exploite rien. ..puis la juste conjonction du dire et du médire...


L’homme ce piètre animal anobli pour ses crimes..


Evoluer, oui mais vers quoi ?


Interrompre ses rêves, et s’ennuyer de soi.


Au dessus du scrupule, la peur des ébriétés du verbe, que le sens rend généalogiques.


Exister en dehors de toute rage, sans éprouver notre propre esprit, témoigne de notre mesure pour de tout petits néants intérieurs, tout autant que pour leurs exagérations.


Etre aux antipodes de l’humanisme, et se conduire comme quelqu’un qui l’exagère.


Je m’use à ne pas m’éveiller.


Notre essentiel réside tout entier dans nos propres déconsidérations et négations.


Au delà de nos dramaturgies,nos errements vers cette impunité d'exister en le sachant puis en l'oubliant.


On ironise,on se mutile en fait de ces réveils qui patentent notre profession d'éffronté.


Que jamais je ne m’incite à bien vivre !


Je n’ai rien saboté je m’endors en dehors de tous les complots, sans souffler sur les mèches,sans agrémenter la poudre.


Je m’exploite, je persiste à me résigner, à me saigner ;point de gémissements, pas davantage de cris ou de larmes, c’est cela aussi une façon de mes malaises, c’est cela mon arrangement.


Je ne me suis pas encore mis au monde, je cours après une grossesse syncopée ,l’hypothèse du nœud, nombril oblige ,me voit prostré, clos, je passe mon temps à broder des épitaphes sur des linges qui sont en fait des suaires.


Etre lucide, c’est se taire, ce goût pour le silence ne peut être abject que s’il est garé du côté de la philanthropie.


L’excellence curieusement craint le hasard..


Avoir été happé par l’existence ,et vivre au ralenti !


Après la prolixité, l’échec de cette prolixité, qui par définition triomphe de l’intarissable soubresaut d’être.


Etre en constance dans la déception, s’en disjoindre pour entrer dans une autre déception, moins inaltérable.


De l’autre côté des généralités une autre généralité, plus désinvolte, plus à notre mesure ,nous voilà expliqués !


L’avantageuse position de ceux qui se sont penchés sur eux, sur leur corps, voire en deçà de lui.


Je simule, je feins, j’entre en agonies accommandantes , ma vie est en dehors de la vie, mes rêves, en dehors des rêves, c’est cela l’immobilisme vacillant des oublieux du mot !


En esclave du mot, nous sommes astreints à l’essentiel,les indécences de la parole, qui passe par une extrémité, puis deux, et ainsi va la suite.


Dans toute divagation qui se prononce comme telle, qui se veut impunie ,il y a l’exaction du mot,et l’extinction du sens, rassemblez les en cette unité qui fait la parole, et la divagation s’épanche en sénilités !


Les mensonges ne sont pas malsains, un mensonge malsain se fait appeler forfait.