Aphorismes 117

Qu'ai je fait de vulgaire qui ne m'ait aussitôt accru dans mes virtualités de singe.


L'essence de la musique serait dans le soupir que mon coeur n'en aurait pas d'autre nostalgie.


Je n'ai pas aimé l'existence, j'ai été tué par de tumultueuses inerties.

Le vague fleurit toujours sur les terrains de l'absolu.


Pour un mystère de profané, combien de divin en fuite, combien de sacré dans le néant.


Etre, c'est patauger dans la grande maladie de la vie.


Si une seule de mes lucidités m'avait amené à penser que l'existence ne pourra nous racheter d'avoir été, j'aurais servi et m'en serais consolé.


La douleur est une forme de jugement, que le sang ne peut revendiquer, que s'il garde le secret de ses prestiges.


C'est du pourquoi (racheté par l'Acte) qu'est née la connaissance, aussitôt mise à sac parmi mes virtualités de sicaire.


La paresse aura épaissi ma douleur, jusqu'à en faire un point central, d'où tout bifurque, d'où tout fout le camp.


Le tout serait indivisible que nous trouverions une solution pour le sous multiplier.


Que chaque esprit ait sa part de dégoût, mais qu'il m'en laisse suffisamment, pour qu'au jour du naufrage, j'ai encore à pleurer sur toutes les lames. 


Je réfléchis à l'idée de dépouiller celle ci,me voilà en présence d'une morte,et qui bave.

Je suis pourri par de la charité,en suspens dans ses solutions,je cherche parfois à me projeter dans une autre parenté,je me tais,et j'y parviens.

Point de légèreté dans le réel,seul notre désir d'y penser nous confère cet air d'éveillé,et qui se meut.

Toutes les questions sans substance portent en elles les réponses sans intérêt que nous transformons pour paraître.

J'attends éxaspéré qu'une idée,une seule,ne me serve pas de paravent.Je suis un aversif qui s'équilibre par le dessous.

D'une névrose à ma mesure,j'ai fait une vitrine où miroitent jusqu'à mes plus sottes ambitions,je me suis rompu à l'exercice de ce vide,qui ne me prolonge que lorsque je m'éloigne.

La normalité est infestée,infectée,par le virus de ce paraître là,qui nous plie comme des chiens verbeux.

Je ne me divertis plus dans cette parole qui me dévie du dessein de cadavre.Je persiste et je me résigne.

Naissance:premier crime original et originel.

L'essentiel de mes journées réside dans ces confidences que je me fais,et que je conçois comme des effacements.

Sans le talent ou le fait d'être vain,la vie m'apparaîtrait comme la forme la plus parfaite de la sujétion à la matière.

Nul doute que toute méthode avantage la raison,et que cette même raison se laisse encenser par la méthode.

Dieu s'ennuie-t-il impunément? Toute conviction pue,elle nous écarte de ces examens là,qui pousse la curiosité jusqu'à la douleur du savoir.

Aucune vérité qui ne me fasse digne,je cherche dans le mensonge ce qui n'est pas caduc et se traduit par des images que j'exagère en me couchant .

Je ne suis pas homme de mission,je suis un homme d'omissions et de démissions.Ma nonchalance me corrige des excès que mon corps commettrait,si je n'avais cette disposition pour le silence.

Je doute que toute oeuvre témoigne d'un bonheur ou d'un malheur,l'oeuvre est faite pour réfléchir son propre désespoir de la démonstration.

Accidents de nos profondeurs,nos tares reflètent les plus sottes de nos réactions,nos soubresauts,nos perversions,et ceci jusqu'à nous écerveler.

Parfois une des formes du crétinisme est regardée comme de l'intelligence,moi je vois cette intelligence comme une façon à mes dérèglements.

J'ai trop longtemps été happé par ce dieu,qui a poussé mon écoeurement jusqu'au voir.Faute de m'être tué,je me suis tu,reste l'étonnement lié à la voyelle.

Les faits plus ils m'apparaissent comme mystérieux, plus il me semble qu'un dieu d'ébriété veut m'en éloigner en singeant leurs parentés.

J'ai dégueulé sur l'être pour aller à cette évidence qui me dégoûte tout autant de moi.

Est sérieux tout ce qui nous met en dehors de ces léthargies,où nous aspirions à nous noyer sans réfléchir à l'idée même de la noyade.

Le suicide restera le seul évènement qui ne relève pas d'un accident,de ce cerveau qui pense tout en accéléré.

Toute connaissance témoigne d'un accommodement avec le genre humain,et nous persuade de pousser ce même accommodement au delà de la confidence.

Une des variétés de la désolation est cette déception qui précède l'acte d'émettre,et cet autre de tout garder en dedans. 
Dormir dans cette nudité qui ne s'impose par aucune parlotte,aucun geste,aucun acte,aucune écriture.

Est enfiévré ce qui parvient et advient au moment de mourir.

Je déteste cette sincérité là qui vient à nous dans l'affirmation de dire que l'on peut rire de tout,mais seul.

Il arrive parfois que les certitudes soient aussi préjudiciables que les erreurs qu'elles justifient en les dépréciant.

Penser c'est se prêter au jeu du labyrinthe,qu'un homme de peine a tracé,pour regarder plus longtemps devant et derrière lui.

Tout doute nous fait discerner nos égarements,et transcrit notre rage de délibérer sans observation.

On se perd très vite en fadaises,sitôt que de simple observateur,nous passons au statut de physionomiste.

Tant de preuves qui nous montrent et nous prouvent que nous avons étés conçus pour du sommeil.

Je donnerai toute ma misère pour un équilibre qui ne me rappelerait pas mes postures de dormeur consubstanciel.

A l'origine de ma lassitude,tous ces pardons qui m'ont élevé,enchanté,puis déservi et assombri.

Parler nous fait enter dans la considération,se taire,c'est prendre le risque de passer pour un subversif,un inactif qui va s'épuiser sur un canapé.

Plus j'avance en âge,plus il me semble que toutes mes extases ont été des fumisteries que j'ai portées jusqu'à des sagesses usurpées et sans nom.

Je vivote trop sérieusement pour porter l'idée de la mort aux sommets qu'elle mérite.

Dégradons nous jusqu'à nous effacer de notre propre mémoire. Dieu absent,tout est bon à consommer.

Il arrive parfois que me viennent des affinités avec les hommes,c'est l'heure de me mettre au lit sans y réfléchir.

Ne plus croire en rien nous brûle et nous dévaste autant que de croire en quelque chose.

Mon indécence s'insinue parfois jusque dans mon sang et mes songes,je tourne alors mon écriture vers les psaumes et les prières.

Tout ce qui est passé laisse en nous quelques identités inconséquentes,que le vague à venir ne peut plus contenir.

La plus petite de mes réflexions me mène à ce détachement proche de la vacuité et que je considère comme la plus magistrale des leçons.

Je ne m'accorde à rien ni en rien, je suis dans la santé de tout ce qui s'inverse sitôt qu'on y réfléchit.

Je m'ennuie dans la foi.