Aphorismes 113

Si furieusement on s’attaque à la vie, si furieusement elle s’en défend, si furieusement nous ne sommes plus que des prototypes avec de la tristesse et des cris.

Renoncer à tout, mais pas de trop près, de façon à avoir un regard objectif sur ce renoncement.

Nous prenons la direction de l’existence avec solennité, pour nous en détacher l’âge venant, avec du crépuscule dans les yeux, un sang triste et amer dans les veines.

Tout sacrifice est une négation de la vie rêvée, un détachement sans félicité.

La certitude nous touche de plein fouet comme un boulet, elle est une résonance contre l’usure de nos sens, puis vient l’hésitation qui nous transfigure en effaçant en nous la trace de tous nos préjugés.

Etre heureux, quelle épreuve, quelle paralysie, et qui a des manières, et qui a des façons !

Je ne me veux pas productif, je me veux dans la volupté de ne rien créer, de ne rien commettre, et qui ne me condamnerait pas à la souffrance de n’avoir pas détailllé ma vie.


Quelque élan que je prenne, il m’entraîne toujours là où je ne peux mesurer aucun de mes gestes, aucune de mes exactes douleurs.


Dans la passion, tout est flamme, et ce qui ne l’est pas est d’une présence sonore si intense que nous en oublions le temps.


Le grand bonheur serait d’avoir des idées claires, pour voir ce qui est à l’intérieur de soi, et se fond dans le tumulte ou l’ombre qui engendrent du funeste.

Etre a toujours été une solution, une condition pour exister.


Nous prenons la direction de l’existence avec solennité, pour nous en détacher l’âge venant, avec du crépuscule dans les yeux, un sang triste et amer dans les veines.


Tout sacrifice est une négation de la vie rêvée, un détachement sans félicité.


La certitude nous touche de plein fouet comme un boulet, elle est une résonance contre l’usure de nos sens, puis vient l’hésitation qui nous transfigure en effaçant en nous la trace de tous nos préjugés.


Etre heureux, quelle épreuve, quelle paralysie, et qui a des manières, et qui a des façons !


Je ne me veux pas productif, je me veux dans la volupté de ne rien créer, de ne rien commettre, et qui ne me condamnerait pas à la souffrance de n’avoir pas détaillé.

Quelque élan que je prenne, il m’entraîne toujours là où je ne peux mesurer aucun de mes gestes, aucune de mes exactes douleurs.

Dans la passion, tout est flamme, et ce qui ne l’est pas est d’une présence sonore si intense que nous en oublions le temps.

Le grand bonheur serait d’avoir des idées claires, pour voir ce qui est à l’intérieur de soi, et se fond dans le tumulte ou l’ombre qui engendrent du funeste. Etre a toujours été une solution, une condition pour exister.


Etre est une belle trouvaille qu’à l’évidence nous voulons tourner en performance d’une omniscience et d’une omnipotence sans nom.


La petite fatigue m’apparaît comme une fraude, la grande comme une trahison.


Tous mes projets furent des éclairs impropres à dégager quelque lumière que ce soit.


Je jure qu’après m’être entendu, j’ai envie de vomir ou de me flinguer.


Dans mes enfers, et sur ce point je ne cèderai pas, il y a l’évidence de la mort, mais aussi ce qui la rend supportable.


Etre, c’est revenir de tout mais en rétif.


Mes convictions m’ont amené à déguerpir des lieux où toutes mes velléités auraient dû me détourner de la parole.


Sous l’effet des somnifères mes organes se défont comme pour remédier à la fainéantise de les atteindre en me flinguant.


Le vrai est un sentiment dont je n’ai jamais eu à débattre.


L’ailleurs à y regarder de près prête à la raillerie.


J’aurais gaspillé des années à des profondeurs dont je ne suis revenu qu’en manquant de souffle.

Parfois certains soirs, me prêtant à des extases alcoolisées, il me semble que je parviens à entrer dans la peau d’un autre, et me dégoûte autant que si j’étais resté dans la mienne.


Les cadavres nous donnent des explications inespérées sur l’infini..


Entrer dans la colère par les glandes, en ressortir en trou du cul.


Ma vitalité tient parfois de l’hospitalité et du crime.


Toute une vie pour réussir à périr honorablement.


Au flingue je préfère le poignard pour chouriner et voir jusqu’où la chair nous soutient.


J’aspire à des paix que j’exècre aussitôt de peur d’y mourir éthéré.


J’assiste à des exécutions où j’ai été juge et bourreau, sans supposer que je puisse en être affecté.


Tant de théories coïncident avec ce que nous espérons, que nous pouvons nous tromper mille fois et toujours retomber sous le coup d’un bon sens quelconque.


Je suis aux antipodes du rire, mais pour une grogne aussi vénéneuse que vénérienne.


J’ai hérité d’une gloriole que la diane a aussitôt camouflé tant elle s’approchait de l’homélie.


Je n’ai rien à donner si ce n’est de l’hypothétique pour des massacres qui le sont moins.


Ayant répugné aux manifestations charnelles, mon corps s’est tourné vers l’affligeante prostration des horizontalités.


Egal à moi même et à mon âge, c'est-à-dire pataugeant dans des vides à ma mesure.


Tout ce que j’écris et ai écrit m’a été dicté par de la sentence et de la lâcheté.


Je ne me suis surpassé en rien et mourrai en dégradé.


Vivre ne cessera pas de s’abstenir.


Parfois sans rapport avec celui que je crois être, j’augure d’une perte qui sera ma seule exception.


Ma jeunesse trop infectée et infestée par les songes m’a vu renoncer à la phtisie des mots, au cloaque où ils font loi.


Rien que je n’ai réellement constaté et qui m’ait aussitôt abattu..


Vivre prête à la capitulation autant qu’à la verticalité.


Ma misanthropie, faute d’égard, m’a vu ruminer sur ce bien que j’aurais pu dispenser si je ne me ruinais en déceptions.


Je suis un courageux trop tôt achevé, tant il a produit d’énergie pour s’en imprégner.


L’œuvre atteste de l’idée et de sa conversion.


Le savoir sert au dégoût de s’apercevoir que sans lui la vie n’est que bassesse et servilité.


Tant l’art exige d’effort qu’il doit bien servir un dieu qui s’est voûté pour le contempler.


A tant trahir, l’homme finira bien par en faire de la spontanéité.


J’ai gâché ma vie en flâneries et errements, mais n’ai rien gagné en repos ou en prières.


La lumière nous désole parfois de nous faire pressentir la même chose que l’ombre.


Bilan d’une journée, d’un mois, d’une année ;vide et désolation.


Rien qui ne m’ait illuminé, je cherche dans un avènement un peu de lumière, une part de salut.


Je ris de tout par besoin, j’en souris par dépit.


Combien j’aimerais écrire sur la douleur mais sans en être affecté!


De toutes les espèces ,l’homme est la seule qui connaisse l’humiliation.


La misère de ne rien créer répond à mon besoin de déception, à mes infirmités.


La colère et la maladie à bien des égards ont des similitudes, toutes deux s’irisent au noir dessein de nous faire rire ou pleurer après coup.

Pris en flagrant désir, mais tout autant de délit de fouinerie, tel un faune qui échangerait sa proie pour un regret à venir.


On ne peut rien me demander qui ne tendrait à me ruiner ou à me déshumaniser.


Ce qu’il y a de plus intime et de profond chez l’homme tient du personnage.


Toutes ces obsessions trop flasques pour que j’y accorde de l’importance, combien elles ont contribué à mes constats sur l’inutile et l’inutilisé.


Fabriquer de la reculade et du renoncement.


Trace de scandale dans mon inaction, mais trace combien précieuse tant elle préside à quelques sérénités.


La vie est intolérable lorsqu’elle n’est pas énergique, quand elle le devient, elle est inacceptable.


Dans mes dialogues avec la bête il y a de la compréhension et du superlatif.


Je m’exerce à de l’essentiel mais sans aucun argument.


Rien de plus exaspérant que cette anxiété qui n’a rien de spirituel et rien pour me corrompre.


Elle a des odeurs de cidre prise dans ses nauséeuses gestations.


Sourd à cet animal,qui faute d’un corps à sa mesure s’est chargé du mien,j’ai opté pour la solitude comme on entre dans une bibliothèque pour n’y rencontrer que des mêmes pris dans l’extase d’une identique position .


Le leurre nous déchoit jusqu’aux troublantes inimitiés.


L’intérêt que j’ai pour tous les inconforts prévaut sur cette même indignation,qui va vers les mieux,qui sied à tous les pires.


Plus rien à inventer,mais il nous reste suffisamment de curiosité pour nous pousser vers ce qui survit.


J’ai beau insister sur ma survivance,elle n’est en fait qu’un scrupule qui de toute évidence me range dans la vie malgré moi.


L’essentiel se laisse difficilement approcher,à la réflexion,il faut le recréer ou le mériter ;c’est qu’il reste,se terre par delà nos exagérations,par delà nos dires et nos délires,il réside dans cette prime jeunesse qui tait la prolixité et s’auréole du premier mensonge.


Les moribonds disent que tout ennui est mortel,cest l’outrance des biens portants que de s’épancher sur l’effacement ou le suicide


Parallèlement à cette inertie qui me rive au lit des journées entières,mon cerveau mange mes souvenirs,s’en délecte, ;tant d’images,de répliques ingurgitées et qui ne me font ni repu,ni affamé,je cherche dans la verticalité à n’en pas paraître affecté.


Depuis que je survis,je me sépare de l’homme,j’entre dans cette décomposition amorcée dès ma naissance,je bave,j’éructe,je dévoile des secrets ;après je me désole comme un renégat déçu par les mirages qu’il a engendrés.


Toute lucidité est outrance,restons confinés dans nos répulsions à voir clair,afin de ne pas nous dégrader en calomniateur ou en pamphlétaire.