Aphorismes 103

Ma fixité ne doit rien aux lieux où je me suis scellé,mais à une peur ancestrale ,celle de rencontrer l'homme dans ses plus petits recoins.


Pourquoi être encore,si tout se qui découle de l'existence,n'est que foutreries et foutaises?


Je diffère une nouvelle fois un suicide irréfléchi,afin que cette infection me rende plus purulent encore,comme si j'avais eu à travailler dans une soufrière .


Sitôt qu'entré dans la rage,je m'appesantis sur mon néant,j'augure de l'irréparable,je vais dormir dans un confessionnal.


Ma vie a commencé par le poison,elle se terminera dans l'injonction ou le sang.


Ëtre tient du simulacre et de la rage,tous deux générateurs de cette même fureur de vivre .


La violence de ma résignation est à l'origine de mes impropriétés,glaire et glu mêlées,pour une vaine conversation avec Dieu .


Accomplir du dire,s'y accomplir,et n'y trouver que la trace d'une ancienne vibration,qui altère nos voix et nos songes.


La douleur se suffit à elle même,et faute d'être, elle n'en est que davantage.


Toute pensée est un mieux préférable,que l'Esprit aimerait infatuer jusqu'à l'Entreprise.


L'homme se signale par ses interrogations,celles qui nous enchantent,autant que celles qui nous em......


Le corps est à lui seul un véritable cimetière,où l'unique performance consiste en nos propres déportations.


L'évidence et l'indécence du ridicule ne nous font pourtant pas reculer de nous-mêmes,pas plus que devant les monstruosités qu'elle nous tend comme une prescription.


Il est aisé de garder sa propre considération,il suffit de bien s'y sentir,de bien la sentir.


Tous mes soupçons sont des égards,et mes égards des renoncements.


Le spectacle des vanités me ferait commettre l'irréparable ou me suicider,or il m'arrive de n'assister,de n'être le dépositaire ni de l'un,ni de l'autre,et j'en suis tout autant écoeuré.


Ma vie était prédestinée à de l'inambition.

Je resterai un amateur sans projets et sans projections,je vais encore dormir dans de la réserve.


Ecrire c'est aussi se déconsidérer,se séparer de soi,que s'imposer dans et par le mot,cette entité sans matière première,si ce n'est du souffre,rien que du souffre .


Rien que je n'ai plus apprécié que le manque de désirs,je marche sur les traces de ce moribond qui fait la preuve d'une mort imminente et qui en rit.


Il n'y a rien d'essentiel à quoi je n'ai aspiré,si ce n'est à détracer,à délimiter un territoire entre le dictionnaire et l'épitaphe.


Vivre en appelle à d'abjectes créations,figures d'un moi illusoire.


Ma permanence n'a rien à voir avec l'acharnement,je suis trop peu viveur et vivant,pour que l'on puisse me juger autrement qu'en adulte qui ne détonne pas.


Entre nos insondables profondeurs et nos surfaces planes,la panoplie du souffreteux,du surmené qui régit ses espaces comme un chien ou un vautour.


Se tendre et se détendre entre les mains d'un désaxé,et qui dicte sa loi par les mouvements qu'il nous impose au gré de ses humeurs.


De quelle rage ordinaire suis je le dépositaire,et qui me rend aussi misérable que si je n'y m'étais conçu et idéatisé.?


L'Idéal serait de ne pas avoir d'idées,et de n'offrir à la vie et à la vue que son néant.


Révoqué de tous les lieux où la parole est un état,je profère en mon intérieur d'identiques sentences que je suis le seul à comprendre et à digérer.


Tant fatigué,lamentablement bas et las,fatigué définitivement,j'ai le sentiment que dans ce luxe que je suis le seul à défendre,il y a la malveillance d'un corps crépusculaire qui cherche à s'en enorgueillir.


Fiasco et désaffection,deux des clés de mes voûteries,de mes soubassements..


Rien que je n'ai fait par conviction,la curiosité ne m'a pas poussé parmi les hommes,la compagnie des bêtes me fût un exercice périlleux,je cherche à savoir aujourd'hui où je fus à mon aise,mais sans forfait.


Fatigué,et de quelque façon que j'étrenne la question,une autre fatigue au bout,une fatigue plus haute,et de l'erre.


Déçu,las, incapable de me mouvoir et de m'émouvoir,incompatible avec l'homme,mais vivant,vivant et obligé.


Je me figure si bien la vie sans moi,que de cette occurrence comprise entre mes débines et mes malfaçons,j'envisage le suicide comme une expérience de perpétuité .


Idolâtre de toutes les lâchetés qui m'ont dévié de l'homme.


Nul doute qu'avisé dès mon plus jeune âge,par toutes les infections et purulences que commet l'homme,je me suis empêché de grandir trop vite,de me grandir,pour n'avoir pas à regarder dans ses altitudes.


J'aimerais me distinguer par ma paralysie,toutes mes paralysies,ma colère ainsi porterait vers un noble fiel,un poison idéal,d'où je ne voudrais sortir que pour hurler,vomir,ou pire,vivre.


Ma langue se répète dans l'injonction ou la colère,toutes deux tournées contre moi,et moi seul .


J'aimerais me perdre dans ces inattentions,ma sombre réalité,et m'y confier à ce déserteur qui a hérité d'un territoire trop vaste pour lui.


Dans mes ébriétés,ma foi en la vie affleure à celle d'y n'êre plus,mon désir de suicide,je le conçois alors comme une sollicitation.


Irrésolu,mais indemne,je cherche dans un pantheîsme de fin dumonde,une autre servitude pour me relever, m'y lever.


Couché des heures durant,ayant contribué à tout dissocier de moi,je ne vois nulle part ailleurs qu'en moi même un homme fait pour la marche,pour un entrain,et je m'y traîne.


La fin,toutes les fins sont de mes obsessions,et plus je gesticule,plus je me désarticule,plus je me sens sain et vain.


La seule forme de nécessité que je pressens est le suicide,celui qui tient du virus et du passe partout.


N'ayant plus aucune forme de considération et de discernement,plus d'attachement à l'existence,ne me reste que la conscience de cette préscience.


Dans cette impassibilité,maladie inorganique,,j'use d'idées,je me laisse submerger par mes déficits,du désarroi aussi,mon instinct me commande de me tirer,oui,mais vers où,et comment?


Ne m'exerçant plus à des attentions,j'attends une toute petite préférence,pour proférer de la prière ou du discernement.


Me dissolvant dans de la vacuité(variété de discernement)j'attends un minimum,une faillite,quelque façon entre la survie,et le gâchis dont elle serait pénétrée.


L'humilité m'aura préparé à la mort,je garde la conviction de m'y être accompli,d'avoir été dans mes entreprises un primitif sans dédain,un rétiaire sans filet.


Vinrent des moments où il me fût difficile d'écrire,ce ménagement,cette guérison ont été ma pourriture de parentés,aux antipodes de mon désir de noyades et d'abreuvements.


La douleur m'apparaît comme un non sens sitôt qu'elle me verticalise.


Je doute prudemment,de peur qu'ayant la grâce de le faire profondément,je sois amener à me soustraire,à m'en soustraire.


Vivre c'est imaginer qu'une vie est possible sans imagination.


Où je vais,que des destins en expansion,des rats faiseurs d'orgies et de sens,quel soulagement que d'y voir la nomenclature de la pire des réalités,la pire des séductions.


Je ne peux résister à ce dégoût qui tient de la chimie et de la tentation,et qui place en mon centre,une corde et un boulet.


Inflation de pire,en vouloir ou pas,la question comme un entêtement rougit mes paumes et ma face.


La vie restera le négatif d'une matière,qui n'aura cherché qu'à évoluer sans l'Homme.


Trop souvent séquentiel.


Tous les mots que j'ai levés(armée d'ombres)ont été aussi ingrats que si je les avais grandis dans la sensation de les rendre utiles.


Inoccuppé jusque dans mes entrailles,je m'épargne la peine de m'adresser aux hommes,bref je m'épargne de la peine .


Tout ce qui relève de l'homme,prête à mes restrictions.

Autant mon existence est, et restera affligeante, autant je m'en serais rendu compte et n'en aurais gardé aucune régularité.


Vivre, c'est se gaspiller; je survis, c'est à dire que je donne à ce gaspillage le sens d'une gratuité.


Mon malheur m'a astreint à de petits engloutissements, que mes borborygmes traduisent magistralement.


Etre, c'est s'appuyer sur la garantie que la matière nous a fournie, pour nous donner la sensation de pouvoir se défiler dans le temps.


Nommer pour veiller et en être assailli!


La conscience si ancienne soit elle, frôle le sérieux, mais s'en débine aussitôt de peur de trouver quelques objets nécessaires à déplacer ailleurs.


La mélancolie aura régi mon existence, l'ayant considérée comme la seule matière digne d'intérêt, je l'ai justifiée en l'étayant, en lui donnant un corps pour mieux évoluer.


Le sérieux n'est enviable que s'il ne pervertit pas l'essentiel d'où il émerge, pour se renouveler à ses dépens.


Je considère le sommeil comme un ferment d'inutilité.


Toutes ces journées où j'ai protesté en vain, où j'ai hurlé, prié, vomi, et que ma conscience a considéré comme une nouvelle vacuité, un reste d'ébriété.


Tout ce que j'ai compris n'a jamais été prononcé par les hommes.


Inambitieux, avec une telle violence qu'elle tient de la torture, je me destine à des anti-performances qui vont de la désolation à la déveine.


Il me faudrait mille ans, peut-être davantage pour rattraper mon retard de mots et m'y réformer.


Jour après jour, de cette gravité naturelle d'où émerge ma vie, émerge aussi une impudeur malsaine, preuve de toutes mes déficiences.


J'ai toujours considéré ma vie comme une moribonderie,j'assiste à mes décompositions depuis tant d'années,que puiser dans mes réserves tient de la plus haute des voltiges,et du plus bas des forfaits.


Ma gratitude parfois me confine dans des insomnies, tant il est vrai que je n’arrive pas à trouver le sommeil, que si je n’y ai ailleurs reconstitué le bienfait.


Dans la carrière d’être, combien sont hommes de profession ?


Le talent ne fait pas l’œuvre, le talent nous tient éloignés de cette douleur là qui fait grand, tout ce que nous avons craint petit.
Je crois et je suis comblé.


Il arrive parfois que l’homme se trouve en inflation de la bête, la nature en est alors contrariée.


Plus mon corps se détériore, plus j’opte pour les péripéties de l’Esprit et cette fatuité de sensations qui m’élèvent ou me rabaissent.


La douleur s’ingénue à occuper tout mon vocabulaire, en dehors d’elle ne se reconstruisent en moi que les littératures d’obédience.


Vivre, c’est se consoler d’être.


Je ne discerne que ce qui fait que je me morfonds dans la peau d’un écorché.


Toute lucidité est corrosive, l’homme de tristesse et de peine cherche tout, sauf à tricher sur cette même lucidité.


On commence par une lettre, on finit par un testament, on commence par un cri, on finit par un crime.


Nous nous entêtons dans tant de tristesses, dans tant d’abattements, quand il suffit d’un coup de révolver.


Convaincu que mes sottes et sombres misères sont consécutives à cette fatigue de l’existence.


Je proclame parfois que je suis né vaincu, et que je ne cherche aucune victoire qui n’aurait pas de nom.


Nous avons dissout nos diables jusque dans nos plus petits crachats, pourtant dorment dans nos cellules d’autres démons plus infatués encore.


Je bouge, je vais, j’avance, je dispense du geste à mon corps pour ne pas me couvrir dans l’illusion d’être sans faire.


Renoncer à tout, sauf à me tromper, être dans l’erreur, ou dans les fausses vérités, voilà à quoi je me suis prédisposé.


La parlotte fait l’inventaire des monologues que notre fainéantise a tourné en dérèglements.


Rien de profond qui ne me persuade de l’être moins.


Plutôt fossile que vivant !