Aphorismes 101 Bis

Tout ce qui prête à la pensée affleure une forme de musique,entre l'altérité d'un parfum et celui d'un symbole.

Rien ne se résume mieux au coeur que le culte de l'amour,quand il ne s'est pas encore tourné vers les relents de nos pouffiasseries ou vers les reposoirs .

A chaque jour mon lot d'inconsolations,entre le vertige de vouloir disparaître et celui de n'avoir pas été .

Ne m'étant protégé de rien,ni contre personne,toutes les blessures qui m'ont été dispensées,sont aujourd'hui les failles de mes espaces sans leurre.

Tant tout se fixe dans le temps,que le plus petit des forfaits est de l'ordre d'un mouvement inapproprié,aussi sombre que la levée des organes de perdition.

Ma misanthropie est mesurable à mes résurrections,plus je m'éloigne des hommes,plus je respire,et plus je respire,plus je me perds en lucidités.

Dire que tout nous oblige aux apparences ne nous éclaircit pas,je doute chaque jour de voir des illuminés ne pas en vouloir au monde.

Peut être notre nature nous oblige t-elle à avoir des idées qui défigurent nos géologies jusqu'à notre quaternaire.?

Combien mes regrets ont été sinueux,et combien dans leurs replis j'ai avancé vers Dieu,pour n'y trouver que la grâce suspecte d'une oeuvre qui décline sitôt qu'on la considère.

Dans le spectacle de la mort,qu'y a t-il de plus vulgaire que la mort elle même.

Vivre atteste d'une tentative et d'un essai transformé.

M'étant accommodé à de molles voluptés,je m'aperçois aujourd'hui que si j'ai tenu le coup,c'est parce que je les ai répétées jusqu'à l'outrance,avant qu'elles n'aient le goût de la synonymie.

Parfois l'azur descend jusqu'à nous,trouble nos esprits,et dans les sphères de notre mémoire,touche à de petits renflements,la musique alors s'y brise comme une lame.

Combien nous avons glissé sur de la lucidité,et combien nous en sommes revenus pour nous perdre ailleurs que dans ses culs de basses fosses..

Manquent à la vie de la distinction,toutes les distinctions .

Rien ne se résume mieux que l'unité,c'est aux côtés de cette présence que ma vie s'est ourlée de décompositions.

Je n'ai jamais tiré parti de l'homme,c'est bien assez de l'avoir remarqué

Rien de ce qui m'a été insupportable n'a été ennuyeux,seul le coeur,parfois,avec ses fumisteries et ses perditions s'est substitué à mes avancements.

Parfois dans mon sang une substance s'enclanche,un précipité de nausée et d'abjection,et tant tout y progresse,que mon sourire s'aggrave,que mes os virent à de la pourriture,me voilà expliqué..

Malade de tous les crépuscules de l'Ëtre,autant que de ceux du Devenir.

C"est de la souffrance que nous descendons,de la souffrance comme l'ultime forme d'élevation ou d"insolution.

Combien j"aurais voulu que de mes ancêtres anoblis,je garde le goût du sang triste et celui de l'épieu.

La pitié est la forme congestionnée du pardon.

Je confirme n'avoir voulu nuire à quiconque,que mon corps ait mis tant de vigueur à le faire, ne prouve en rien que j'y ai consenti par désenchantement.

Mon existence m'apparaît comme un surmenage,mais mon activité me rapproche si peu des hommes,qu'elle me semble de l'ordre du commerce,un marchandage entre une économie de sentiments et de bienséances.

Je sens que j'ai perdu,perdu quoi,je l'ignore,mais perdu,peut être sur moi tout simplement.

Aux frontières de la transparence le pire peut encore advenir.

Toutes mes suffisances ont été dans la logique d'une contagion que je n'ai pu corriger qu'en me dissociant des hommes,c"est de là que m'est venu le sentiment d"une brouille que j'ai orchestrée en vain.

Dans mes nuits d'insomnie,ce qui me terrifie le plus,c'est le nombre des nuits d'insomnie que je prends en compte,pour déroger à de funèbres veilles.

Est-il besoin de pousser nos impudeurs jusque dans l'attirail des forces aveugles qui nous dirigent vers l'amour ou le néant?

Au dessus de toutes mes révoltes planent toutes mes désespérances,entre la terreur de m'y résoudre et celle de m'y absoudre.

Entre le baiser de Judas et le baiser de Pierre,la dilution des mots, de tous les mots.

Inutile de rajouter que le tout n'a pas mes pulsations.

J"ai sacrifié aux bavardages toutes les faveurs que la parole m'avait faites lorsque je m'y projetais.

Toutes les évidences ne sont pas bonnes à contourner, je ne m'étonne pas aujourd'hui, de n'être éclairé que par les désavantages de mes luxes écartés.

Combien j'ai détonné dans le mot "mort", combien j'ai rôdé autour du suicide, autant en voyeur qu'en renégat.

Si je devais être spontané, je ne me servirais que du mot f.....

Mon devoir est de me contenir, c'est un attentat à mon encontre, une déformation qui me rappelle à l'ordre, lequel je l'ignore, mais à l'ordre.

Une des variantes de ma révolte est le silence, plus j'y réfléchis, plus je me mets à douter de ses capacités à m'instruire de moi-même.

Ma fatigue date, combien j'aimerais qu'elle me réhabilite aux yeux de tous ceux qui ne veulent plus l'excuser.

J'expie je ne sais quelle faute, dans  ces espaces où je réduis l'amour à de la consommation et la consommation à de la lithurgie alcoolique.

Toutes les putréfactions n'ont pas eu pour objet de me porter à croire qu'un morveux vivait en moi qu'un saboteur s'y logeait.

Palpitent encore ici ce qu'il me reste de santé et de rancoeur, pour commettre l'impensable avec des mots et des idées.

Face à l'absolu, qui suis-je? Un insecte ou un excrément, cette seconde qui s'épuise sur le cadran, ou une vaste déception creusée en un corps aussi vaste, je l'ignore, mais ce que je sais, je le dois à mes déceptions et à mes épuisements.

Tout m'échappe, comme si pétrifié dans un corps d'où n'émerge que sa propre connaissance, il me fallait une immense déception pour épaissir jusqu'à mon sang.

Dans cette contenance, celle où ma vie patauge, parfois j'atteinds au sublime de la noyade, c'est là que respirer me réveille à toutes les fadaises du submergé.

Qu'ai-je gôuté qui ne fut pas une illusion m'ayant racheté du sens de la vie ?

L'homme concorde à ses mouvances, son néant est toujours devant lui, et de peur de s'y rompre, il y réfléchit comme une définition.

A l'origine de ma vanité, la lecture des mystiques, et une piqûre de Dieu.

Je vomis sur tous ces héros qui ont les suffisances de nos proximités.

Ce que je fais ici, nul doute que je ne le referai par ailleurs, alors autant le faire et m'y perdre.

Le désastre d'être est un état de cette matière où Dieu s'est arrêté, pour contempler le désastre de l'Etre.

Est effroyable tout ce qui est lié à la sexualité, et puis est regardé avec les yeux du désir ou celui du chagrin.

Convaincus que nulle par ailleurs qu'en eux, tant de systèmes se soient éteints, les hommes ont sans cesse cherché dans cet univers où chaque son évoque un élément de leur pensée, à se soustraire de celle-ci, pour d'autres révélations.

Au paroxysme de mes élucubrations, le ciel et le terre sont des enfers de reproches, des enfers de prétextes et de fainéantises.

L' homme, sans l'avoir demandé, est cette grandeur qui m'écoeure, comme si j'avais eu à en distinguer d'autres.

Plus je sombre, moins je me rassemble; je cherche dans la forme spontanée de l'existence, où est cette part de moi qui ne s'est déliée, ni trompée.

Dans cette agonie où je m'applique à voir en chaque douleur, tous les gestes que j'ai déplacés malgré moi, aurais-je encore assez d'attention à porter ailleurs qu'en moi-même pour y résister.?

C'est encore dans le suicide que l'amour m'apparaît comme le seul sentiment avouable qui aurait pu aboutir en tous lieux, voire sur l'objet même de mes déficiences.

Et si l'Eternité s'était emballée dans notre sang.