Aphorismes 92

Une  vie brisée, il sera si aisée de la placer dans un cercueil.


Une chose est sure, nous n’avons rien prouvé  de plus.

Il y a toujours en moi le désir secret d’en finir, ma conscience s’est construite sur cette idée, cette cruelle vérité, entre l’auréole et l’infamie.

L’humilité guérit des adorations et du fifrelin qu’on se place en bouche pour attester qu’on a un avantage sur les rats, sur les corps qui ne peuvent plus délibérer.

Chaque fois que je veux faire mon important, je fais mon importun.

La musique peut porter notre désenchantement jusqu’au vulgaire, ou l’élever dans la sonorité des univers où roulent nos besoins d’aimer.

Le poids du monde, c’est le poids de nos mensonges.

La nature use du vocabulaire comme un cœur embarrassé par la primauté de son sang, et de la sève qui bave.

Ma paresse ne procède pas d’une faiblesse, mais de cette rigueur abondante, que je passe mon temps à éponger, tant elle ne se console pas d’être considérée comme l’automne du corps.

La mort est si perfectionnée qu’elle peut corriger tous nos angles aigus et nos étroitesses.

L’amour peut s’accommoder de tous les objets qui le portent, l’univers tout entier y tiendrait, fut dans les instants les plus extrêmes, seulement voilà, que la liturgie des larmes, du crépuscule, par le parfum ou quelque réduction en altèrent la volupté, et dans tout ceci, le monde ne peut y entrer sans amertume.

Je suis déjà mort individuellement, restent les résidus.


La philosophie n'explique pas que Dieu se soit trouvé à la juste place, elle explique qu'il n'en a point trouvé. Ma fatigue n'a pas altéré mes jugements, elle n'a que contrefait ma vie, mais j'y ai trouvé des appuis contre l'insupportable. 

Pourquoi tous mes intérieurs sont ils tant d'accords que personne ne sollicite?

Dans ma soif de noyades, respirer l'emporte, et prend la forme d'un vocabulaire qui me rachète de mes envasements. 

La nature en quête d'une identité moins nauséeuse a fixé son choix sur l'homme pour partager ses soupçons sur Dieu et la matière. 

La sensation de la santé n'est jamais intense, celle de la maladie l'est, le sang épaissi témoigne davantage de nos cauchemars que de nos fluidités. 

De vous à moi, la rigueur et la vigueur d'un corps qui se pervertit sitôt que je m'éloigne de l'homme. 

Le suicide serait le plus digne et le plus beau des arts que j'en étayerais tous ses degrés. 

Etabli dans des demi-mesures où la réalité m'apparaît comme un analgésique, je cherche sur la plus petite des fréquences à m'altérer pour pouvoir disposer de Dieu jusqu'à la damnation. 

Toute pensée ne devrait ses flottaisons qu'à nos vertus de noyé potentiel, mais nous savons tant nous sauver de toutes les immersions... 

Etre, c’est être divisé puis multiplié. 

Etre nécessite quelque vocation pour la cour et la noce... 

Ma tristesse, souvenir édulcoré aux yeux du souvenir a été de ce trop avec lequel je n'ai composé que des apartés. 

Les commentaires obligent à d'inéloquents silences. 

Je suis un désobligé, un désengagé du commentaire. 

Je crois inébranlablement et salement que je mourrai inconsolé, inconsolé de quoi, je l'ignore mais inconsolé.

L'amour est la seule formule où les odeurs et les idées sont solubles dans le sang. 

Je maintiens que le suicide peut être considéré comme une sortie hors du temps. 

Le degré zéro de l'être coïncide avec le degré zéro de ses équilibres. 

Je ressens toute forme de déception comme une décomposition de mon vocabulaire, quand il ne me reste en bouche que le mot foutre ou le mot dieu. 

Nulle part ailleurs qu'en moi je ne me lamente mieux que sur les boulevards de mes absurdités. 

Les paradis de l'art font ils une part de ciel bleu? 

La maladie, désert mythique et mythologique du corps. 

Face à tous ces instants où rien ne commençait, j’ai compris combien Dieu avait été secoué par la tentation. 

La bêtise du corps trouve une consolation dans l'amour et ses substances sanieuses, vaseuses de tous les appendices, la bêtise du cœur ne révèle pas combien cette pratique est matière à détestation. 

Face au monde et à ses abjections, je me rends compte qu'il eût mieux valu naître révélé que renouvelé. On ne peut rien accomplir de plus personnel qu'un suicide. Dans le vide de l'existence, quelques divinités avides de deviner nidifient dans nos nœuds.

La philosophie n’explique pas que Dieu ne se soit pas trouvé de place, elle explique que Dieu n’a pas trouvé sa place parmi les hommes.


Ma fatigue n’a pas altéré mes jugements, elle a contrefait ma vie, mais j’ai trouvé des appuis contre l’insupportable.


Pourquoi mes intérieurs sont- ils tant d’accords que les hommes ne sollicitent jamais ?


Dans ma soif de noyade, celle de respirer l’emporte, nous sommes tous des apneistes avec un vocabulaire de dauphin.


La nature en quête d’une identité moins nauséeuse, a fixe son choix sur l’homme pour partager ses soupçons sur Dieu et le matière.


Pour me fixer dans mes ambigüités, j’ai planifié mes jours, comme on pèse et tare un objet qui finira dans les mains sales des hommes.


La sensation de la santé ne m’a jamais été intense, celle de la maladie l’a été, mon sang épaissi témoigne davantage de mes cauchemars que sa fluidité.


De vous à moi, la rigueur et la vigueur d’un corps qui se pervertit sitôt qu’elle se rapproche de l’homme.


Le suicide serait le pus subtil des arts que j’en étayerais aussitôt tous les degrés.


Etabli dans des demi mesures où la réalité m’apparaît comme le plus puissant des analgésiques, je cherche sur la plus petite des fréquences à m’altérer pour ne pas pouvoir pousse jusqu’à Dieu mes psalmodies et mes prières.


Toute pensée ne devrait sa flottaison qu’à nos vertus de noyé sauvé des eaux pour d’autres immersions.


Vivre nécessite quelque vocation entre la cour et la noce.


Ma tristesse souvenir d’un trop de temps où je n’aurais pas dû être,me montre combien je ne peux y revenir sans entrer dans la barbarie.


La pornographie n’a rien d’odieux si elle ne s’est pas enrégimentée. dans les contingents du démon.


Faut-il qu’au delà de mon sang, aspiré par mes craintes, je ne mérite que la sincérité du moribond, le lustre du vaincu?

Mes songes sont des néants d’insécurité, de fausses séductions, de la fatuité en cloques, quelque chose entre un monde impitoyable et un monde organique, tous deux me vouent à une existence sans mobilité.


Tant Dieu tremble d’avoir été agrandi, qu’il ne peut plus se tourner vers l’homme sans un torticolis.


L’homme connait toutes les tonalités de la souffrance, et s’il la déplace, c’est pour s’en dilater jusqu’à la maigreur du sentiment.


Naitre dans la ruine su sentiment, voilà qui me paraît être la sotte des barbaries.


Tout ce noir pousse à la perfectibilité de ce qui nous entoure, encore faudrait-il des additifs pour ses dilutions.


Toutes les premières poignées de mains sont affadies par le sentiment.


Faute d’issue dans ce désert accompli qu’est le langage, j’ai cherché une dispense et l’ai paraphée.


L’homme en  quête de la plus absolue des satisfactions s’est tourné vers le néant du féminin et n’y a trouvé que l’autre versant funeste des plus sales parts de lui-même.


Aux efforts successifs que je fais pour des accords avec l’homme, j’adjoins des élans, rien n’y fait je m’altère aussitôt dans la réelle terreur du jugement.


Les esprits indigents sentent l’idéal, l’alcool et les aphrodisiaques.

De tous les efforts que je fais pour m’écarter, m’isoler des femmes, je retiens le plus simple et le plus sot, la jalousie.


Mille milliards de façons de mourir ne valent pas un uppercut de Dieu.


Que la lumière soit, et la lumière fut déversée sur nos humiliations.


Apaisé quand je me jette dans les répétitions d’un néant consenti, je m’aperçois que la terre n’est pas tant vertigineuse si je ne lui donnais les sensations de mes propres tournis.


La musique est le seul endroit où se minimisent nos sombres réalités, où se déversent nos altérations, où s’anéantissent les divines et fétides divinités de notre sang, et nous y entrons comme nous entrons dans un être de chair pour y figurer en adulte gâté.


La vie est un dispersement de Dieu, de substance et d’esprit, l’homme s’y est introduit dans la grâce, il en sortira dans la torpeur d’y avoir gâché toutes ses spiritualités.


Je ne me défendrai pas d’avoir été taché, percera encore la certitude d’une éruption, je serai alors ployant sous les fardeaux, et e m’en tiendrai là.

Affecté par mon sang, affecté par toutes les corrections qu’il exige.