Aphorismes 91

M’exalter dans l’ivresse ne m’a valu aucun accord avec les homes, sinon des moments d’abattement où la vie même m’apparaissait comme une putain qui aurait voulu me faire payer le prix fort.


Je n’ai d’élégantes souffrances que lorsque je regarde une femme dans l’exercice de ce devenir où elle sera une divinité qui me bercera au rythme d’une musique qui fait frissonner l’âme et s’ouvrir le cœur.


Nous ne pouvons rien apprendre de ce que nous exhumons de nos putridités, si ce n’est que l’espace et le temps en sont tant imprégnés qu’ils deviennent des présences acres et fétides.

Tous les vides sont verticaux, un vide horizontal contient la mort de cette pensée qui a prôné un rapt ou un ravissement.
A l’ombre de soi même on est toujours dans la tristesse ou le catégorique.


La vérité est une vulgaire insignifiance, qui se console dans l’homme en lui donnant un ordre ou une mission à effectuer.


Le monde s’est entraîné au désir, pour garder sa place au plus près de ses matérialités.


Face au détachement, il faut que la lumière vienne s’accomplir en musique ou en psaume.


S’accorder à son plus sale reflet, et crever dans les obscurs recoins où l’on s’est le plus détaché de soi pour être un homme qui n’est que dans sa position d’être.


Faut-il toujours considérer sa propre nature comme un système sans méthode, sans grandeur, sans éloquence, ou faut-il pour le luxe d’exister se mettre au diapason de ses plus sales couleurs afin de couler des jours de honte et de désespoir, et ne rien redevoir à quiconque ?


Ma présence dans ce monde m’a porté du frisson à la peur, en passant par la sublime désolation de toutes les pensées où j’aurais dû être brutal pour forcer le blanc sceptral de tous les hommes qui parlent…


Nous méritons tous des crépuscules d’idées qui nous ferons comprendre que nous déplacer d’une ombre à l’autre ne nous apprend rien de la ténèbre pas plus que de la lumière.


Impossible de marquer le temps sans s’attacher tout entier à l’univers, qui lui n’a cure de nos existences, de nos clepsydres, de nos cadrans, de nos arrêtés, de toutes ces petites vies retirées dans les casemates, et qui se planquent d’un Saturne défaillant.


Tant j’ai palpé de la solitude, tant elle m’est apparue comme l’excellence la plus tragique d’un lieu où l’on ne peut se grandir que dans la prédominance de ceux qui n’en auront jamais.


La connaissance est une des suppliques de ce cosmos qui consiste à rendre les cœurs valeureux, les corps davantage encore, pour balbutier à nos âmes les incohérences d’un univers qui crève de nous connaître …


Nous méritons tous un crépuscule d’idées qui nous fera comprendre que nous déplacer d’une ombre à l’autre ne nous apprend rien des exercices de la lumière.


Impossible de marquer le temps sans vouloir s’attacher à l’univers tout entier, qui lui n’a cure de nos petites vies et de nos casemates d’éternité.


J’ai tant palpé de la solitude que celle-ci m’est apparue comme l’excellence la plus tragique d’un lieu où l’on ne peut se grandir que par la prédominance de la grandeur des autres.


La connaissance est une supplique de ce cosmos qui consiste à enfumer nos cœurs et balbutie à nos âmes les incohérences d’un univers tout entier.

Ce qui m’oppresse, c’est l’apaisement qui vient après la grandeur d’un amour qui n’a su s’arrêter que parce qu’il a été englouti dans la fierté de se taire, tel celui qui n’a pas su marquer la halte, ni y monter la garde.


La profondeur de ma tristesse, je m’y déverse jusqu’à sublimer ce monde qui m’a donné le goût de la douleur et de l’habitude à la grandir, pour pouvoir en parler comme un infini de séduction, comme à une femme qui en fera un hymne à l’amour que je lui portais.


Dans cette obscurité où s’englue mon esprit qui n’attendait d’autre plaie que celle de vivre à la juste place, voilà que de la pourriture me vient dans la bouche, et j’en vomis.


Saisi de plein fouet par une conscience abrupte de souvenirs qui ne sont pas vertueux, mon élan pour l’existence est celui d’un aveugle qui marche sur des braises, pour faire la démonstration que le feu ne pourra l’anéantir que par le haut.


Au commencement est un désir bestial exacerbé par nos glandes et nos démangeaisons, puis vient du mysticisme qui nous conduit à la lucidité ou aux larmes.


Il faudrait que toutes les sensations qui font coller au monde, ne m’animent plus que d’un paroxysme de bête qu’on traque, dans la distance qui va d’un vivre à un mourir, sans passer par le regret.