Aphorismes 77

Dans ces vides où je corromps toute forme de pensée doctrinale, méthode ou révélation,je limite mes espaces et mes dispositions d’une étoile de basane à une autre de stuc.


Etre soi même, c’est toujours être de trop ou pas assez…


C’est l’esprit qu’on devrait pourvoir en oxygène, afin qu’il résiste aux dialogues terrifiants des muscles et du sang.


J’ai un penchant pour les tours de pisé,Babels de ressentiments,hommages à des esprits refroidis par nos propensions à voir émaner de chaque corps une déité infâme penchée sur nos putrides existences.


Dans la solitude, ma religiosité gagne en attendrissement, et je vois Dieu comme une volupté sérieuse, consciente de nos consciences.


La vérité est stérile en immatérialités et engendre des présences qui ont le poids organiquement, mais pas dans le provisoire de ces mythologies où nous avons placé nos vies dans le sens des élucubrations.


Au degré zéro de mon regard sur les hommes, une ligne d’horizon, formule d’un suicide réitéré des milliers de fois,observé de la hune avec l’élégance d’une vigie et d’un pirate désespérés par toutes les verticalités.


Parfois la solitude atteint jusqu’à mon sang et s’y décompose en hommage à la vie et en intégralité.


Nulle douleur ne m’a autant éprouvé que celle du savoir, quand il exigeait de falsifier des preuves et leurs ambiguïtés.


Dans la logique des réparations, solution ou pathos exagéré, le mot peut autant être un toilettage qu’un attendrissement, tous deux dégrevés des voluptés maladives.


Rien qui ne puisse contenir le mot « Dieu » positivement, sans être aussitôt indisposé par nos endormissements.


Croire m’est devenu un sursaut, un surgissement funèbres, tant ma chair et mon esprit sont dans l’esthétique d’une pourriture qui s’obstine.


Dans ces instants tout en rondeurs retenues, enfermement ou solitude, mon cœur est aux côtés d’un religieux contaminé par la substance même d’un monde qui se meurt de solitude et d’excès de cette même solitude.


Dans le dur désir d’être et de ne résider qu’en soi, la somme de nos inconforts vaut la somme de nos connaissances.


Dans les curées de l’existence, que d’hallalis, que de haros, comme autant de cris jetés vers la mort, vers l’exil ou la maladie.


La fatigue est élévation, elle accorde aux hommes cette grâce suspecte qu’ils ont lorsqu’ils vont prier ou s’éteindre.


Mon ennui est organique, c’est aussi une forme de pureté qui ne supporte pas les anomalies des charmes vulgaires, les automatismes du sentiment de tous ceux qui ne s’égarent que dans des rêveries suggérées par des plus maladroits qu’eux.


Mon but est d’errer, d’errer mollement et pleinement, projeté dans un lointain où tous les lieux seraient synonymes de bail, de perpétuité, sous location d’une existence vouée aux marches lentes.


Crier c’est enter dans la lucidité d’un dieu sous vitalisé qui projette le poids de sa neurasthénie jusque sous nos crachats nos pinceaux, et nos plumes.
 
Je bute sur et contre l’existence, à la manière d'un objet encombrant qui s’écroule sous le poids du baiser de Judas, ce repriseur de commissures.
 
Celui qui n'a jamais pensé à la mort connaît-il le goût de l'absolution.
 
Toutes les souffrances paraissent infinies quand elles pas été soupesées à la lumière des mendicités, des prières et des ordonnances.
 
Vivre serait un devoir que j'aurais des zéros pointés en marge, porteurs de tous les cercles, de toutes les voûtes dans et sous lesquelles ma foi aurait ourlé ma fatigue de devenir.