Aphorismes 43


Agir, c'est frauder, combien je n'ai pas été dupe du faire, pour des renoncements qui m'ont rendu aussi abject que si j'avais opté pour l'action.


Tant tout me semble vain que je ne sais si Dieu ou la science peut expliquer cette inanité.


Ce n'est pas que je hais les hommes, c’est davantage encore, parce qu'ils sont contraires à mes principes de vie et de vice.


Toute pensée avant que je ne l'émette se dégrade en mots, et cela m'écœure au point que je suis incapable d'en parler.


Détaché, mais avec ce tuteur furieux de me voir sans adresse, et m'abjure de ne pas se soumettre à des malédictions.


Vivre m'aura laissé perplexe, et cette perplexité tient autant de la saveur que du dégoût.


Je ne me figure pas l'existence sans heurts, et d'en triompher parfois ,me ramène aux inepties de ceux qui montent sur une estrade ou se mette dans le langage.


J'ai un vif intérêt pour la vengeance dès lors qu'elle est une solution ou une façon d'en finir.


rester en vie, mais y rester dans des startings blocks.


M'étant disloqué dans tant de déceptions, celle de naître autant que celle de devenir un homme, celle aussi de ne savoir comment en finir, je suis devenu intarissable sur mes propensions à me débiner ,et cela férocement.


Rien que je n'ai pu dire sans l'avoir approfondi, autant annoncer, sans l'avoir pourri.


La fidélité permet l'entretien de ces insanités dont ne pourrons bénéficier ceux ou celles qui passent trop vite.


J'écrirai pour m'insulter et me décrier.


Ce n'est pas tant l'alcool qui me secoue, mais ce qui m'y mène, des bénéficiaires endormies à mes charmes et qui se dédouanent dans d'autres fortifiants.


Si le sommeil est une de nos plus grandes défaillances, alors que dire de la mort!


Ce que j'aime m'amène à ne pas le recommander.


Jour après jour, la fatigue d'être, et s'en gargariser pour vomir ou la régurgiter.


J'ai renoncé à m'accomplir de peur de me retrouver dans la carrière de ceux qui font l'aumône ou le damné.


Tant j'ai appris à me détester, tant je suis passé d'une faillite à une autre faillite et qui n'a pas de nom.


Je resterai cet inaccompli qui se sera guéri de ce qu'il n' a pas crée en n'œuvrant pas.


Rien que je ne puisse comprendre qui n'ai été maudit ret sali à un moment ou à un autre.


J'organise de la détestation.


Je profère tant d'énormités et de vulgarités avec cette arrogance qu'ont les condamnés, sachant que j'y survivrai pour d'autres imperfections et insanités.


Au delà du vertige que procure la survivance qu'est ce train- train qui me range entre des cadavres, et qui bavent...


La compagnie des hommes m'a doté d'une décharge où je fais pourrir toutes leurs odieuses vérités.


Aux propos que m'adresse cet imbécile déchirant tant il croule sous les illusions, j’oppose les miens ,si physiques qu'ils m'altèrent et me déséquilibrent sans que j'aie à m'en expliquer.


Je suis cet ahuri, spectateur qui fermerait les yeux si on le forçait à regarder la vie qui se poursuit pour d’infectes explications.


Vivre nécessite quelque justification que je ne peux produire qu’en hurlant.


Tous ces jours où je n’ai rien eu à écrire, je les réduis à de la sentence et à de l’épitaphe.


Vivre nous oblige à de la médiocrité, dès lors que nous nous en accommodons.


Ma mémoire ayant répugné à garder tous mes souvenirs, j’use ma vie deux fois plus vite que si j’avais tenu à la curiosité de ses vestiges.


Je répugne au charme discret et distinct qui se tient entre la lettre et son destinataire.


Trop raisonnable, je me suis figuré que toutes les abstractions auxquelles je donnais du sens étaient les seules péripéties que je pouvais commettre sans impunité.


Depuis trente ans mes fatigues sont instantanées.


A la prodigieuse vitalité de ceux qui cherchent à évoluer, j’oppose mes petites émergences, entre la borne et le contour.


Combien j’ai pu mesurer l’ignominie de la naissance, et combien j’en ai été affecté mais prodigieusement.


J’aurais tant voulu qu’on m’avertisse du contenu de l’existence, pour me vouer d’emblée à des dissolutions.


La lucidité laisse indemnes les esprits occupés à l’assujettir.


La seule forme sérieuse que puisse emprunter la parole est dans les livres, précisément les livres qui nous découragent de vivre.


L’existence n’ayant que des effrois à me proposer, je songe à m’allonger pour n’être pas cet ensommeillé qui marche et s’use par les bornes.


La vie est un à pic métaphysique. Rangez vous des mots de crainte qu’ils ne vous rongent.


Il n’y a rien d’extraordinaire qui existe, il n’y a que l’exagération d’une langue pour les relents des ses propres pouffiasseries.


Cette étrange sensation d’être le complice d’un sicaire, fait que je subis la vie en aversif.


Toute la nuit avoir déménagé des mots et des morts, et se lever dans la peau d’un mollasson.


La littérature réhabilite le vide des mots qui les empêche de dépérir dans l’exclusivité de ce même vide.


Les évènements atteignent jusqu’à nos organes ,un évènement qui n’atteint rien se fait appeler correction ou forfait.


Les obstacles nous dévient des sabotages que nous aurions accomplis si nous n’étions nés bornés.


Tout modèle m’insatisfait, j’y vois l’attribut, les attributions d’un dieu exténué, qui se planque dans ce même corps en lui donnant un destin.


Quand je n’ai pas d’ennemis, je m’essouffle contre moi-même.


Enfant je protestais, maugréais ,adulte , j’use de la litote et de l’euphémisme comme d’une forme de courage qui témoigne de ma volonté à ne pas vouloir haïr juste.


L’Action rend l’existence souveraine, une action qui s’est effacée ,nous rend misérable de cette inertie particulière qu’ont les virus quand ils ont tout salopé.


Peut-on fuir impunément cette pauvreté qui nous aurait épargner la satiété de la vie ?


Plus la musique dépérit et meurt, plus nous nous tournons vers les psaumes et les prières.


Cette douleur si tranquille et qui dort sous le nom d’identité.


L’arrogance débite d’elle-même des inepties qui retombent en lieux communs, sitôt qu’on y réfléchit au nom du n’importe quoi et du n’importe comment.


La santé est une idée que l'on se fait lorsqu'on a plus rien à obscurcir.


Vivre c'est alimenter des pauvretés, c'est s'alimenter de ses pauvretés.


Entre la stupeur et les angoisses, la pathologies des normalités surannées.


Vivre est un crime accéléré, vivre est un crime facultatif.


Mon dégoût de l'être, me donne le dégoût d'une autre croyance, comme celle que j'éprouve en ayant trébuché sur de la vérité.La musique me convainc de rester inoccupé.


Aboutir, c'est décevoir, c'est se décevoir.


Notre orgueil, c'est notre verticalité de singe sous serment.


Borné, oui mais dans une vanité de cadavre debout.


Tristesse que je dégénère, tant elle prête aux péripéties, aux audaces du souvenir.


Mon mal, c'est le mal de la lucidité, combien j'aurais voulu rester un imbécile converti au rire paléolithique!